L’AP-HP déploie un plan d’actions pour les métiers en tension
Face à la problématique d’attractivité et de fidélisation des personnels de la fonction publique hospitalière, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a élaboré un plan d’actions « 30 leviers pour agir ensemble » qui se déploie au sein de ses 38 établissements. Florian Taysse, directeur du département Attractivité et pilotage RH au sein de l’AP-HP, en précise les contours.
Quelle est la problématique à laquelle l’AP-HP est confrontée en termes de recrutement ?
Comme de nombreux établissements de santé publics ou privés, l’AP-HP rencontre des problématiques de personnels depuis 2019 environ. Auparavant, les centres hospitaliers universitaires (CHU) y étaient moins confrontés, ils jouissaient d’une attractivité quasi naturelle et surtout d’une démographie favorable.
Depuis 2019, nous parlons principalement de la problématique du manque d’infirmiers. Mais nos difficultés concernent également les manipulateurs radiologie, les infirmiers de bloc opératoire, les infirmiers anesthésistes, les préparateurs en pharmacie, les sage-femmes ou encore les cadres de santé. Ce sont des métiers en tension pour lesquels notre niveau de recrutement est en deçà de nos besoins.
Nous accompagnons les agents pour leur logement avec la volonté d’attribuer 1 200 logements
Quels sont vos objectifs ?
Pour l’ensemble des métiers paramédicaux en tension, nous visons une hausse des recrutements de 20% par rapport à 2022. Pour y parvenir, nous déployons plusieurs moyens d’actions.
Nous avons mis en place des allocations d’études mensuelles pour les étudiants paramédicaux et sages-femmes, en échange d’un engagement au sein de nos services de 18 à 30 mois. Notre ambition pour 2023 est de verser 1 200 allocations d’études, d’un montant de 750 euros par mois pendant 12 mois si l’étudiant fait ce choix au début de sa dernière année d’étude. S’il prend sa décision en cours d’année – ce qui est également possible –, il percevra alors 7 500 euros. Nous versons par ailleurs, 2 500 euros supplémentaires pour 30% des allocataires qui choisiront d’exercer au sein d’un service particulièrement en tension ou en Seine-Saint-Denis.
A cela s’ajoute une rémunération attractive. D’une part, les professionnels qui nous rejoignent peuvent être intégrés directement en tant que fonctionnaire et ainsi bénéficier d’une prime annuelle supplémentaire. D’autre part, nous proposons une contractualisation des heures supplémentaires afin d’anticiper l’organisation des plannings, en échange d’une rémunération de 30 à 50% supérieure au tarif habituel des heures supplémentaires. A titre d’exemple, pour 20 heures supplémentaires de jour contractualisées dans le mois, un jeune infirmier gagnera 500 euros net en plus et 1 000 euros s’il s’agit d’heures de nuit.
Enfin, nous accompagnons les agents pour leur logement : nous doublons notre objectif en 2023, avec la volonté d’attribuer 1 200 logements, majoritairement pour des personnes exerçant des métiers en tension.
>> Découvrez notre rubrique : Travailler dans la santé et le soin
Prévoyez-vous également des mesures davantage organisationnelles ?
Tout à fait. Nous souhaitons agir sur les conditions de travail avec, comme élément déterminant, l’accompagnement à la prise de poste au sein de l’AP-HP.
Pour ce faire, nous allons déployer un programme de tutorat dans l’ensemble de nos services de soins. Les professionnels qui s’engagent à accompagner les nouveaux arrivants dans les services touchent une prime de 172 euros nets par mois. Ils seront bien entendu formés à ce tutorat.
Par ailleurs, nous souhaitons agir sur la fidélisation de nos agents. Car si 2022 a été une très bonne année pour le recrutement à l’AP-HP, avec par exemple 2 300 recrutements infirmiers, ils sont 2 800 à être partis sur la même période. Notre solde est donc négatif. En réponse, nous renforçons le dispositif de promotion professionnelle en consacrant 70 millions d’euros à ce dispositif. Pour 2023 et 2024, nous souhaitons que 600 nouveaux professionnels partent chaque année en promotion professionnelle afin de leur offrir des perspectives d’évolution de carrière. Dès lors qu’ils réussissent le concours, justifient leur motivation et qu’il n’y a aucun véto de leur direction, ils pourront partir en formation.
Enfin, l’AP-HP est une institution en mouvement. Nous expérimentons cette année plusieurs appels à projets auxquels les équipes pourrons répondre avec la définition d’organisations innovantes pour permettre une meilleure conciliation vie privée–vie professionnelle ou encore l’expérimentation d’espaces de discussion autour du travail pour traiter collectivement les irritants du quotidien. Ces expérimentations ont vocation à nous aider à penser les organisations de demain, plus en phase avec les attentes de nos professionnels.
Des métiers « hors soins » sont-ils aussi concernés par des difficultés de recrutement ?
C’est en effet le cas des métiers d’expertise et d’encadrement dans les domaines administratifs, logistiques et techniques, par exemple sur des postes d’acheteurs, gestionnaires paie ou encore cadres de la restauration. L’une des solutions est de développer notre formation interne, mais nous nous fixons l’ambition également d’attirer de nouveaux talents en illustrant les carrières que propose l’AP-HP, via 210 métiers et l’organisation de nombreux concours internes qui permettent de concrétiser une forte ascension sociale.
Ces postes sont très importants car nous considérons qu’en réinvestissant ces fonctions supports, il est possible de redonner du temps aux soignants.
Les autres articles du dossier : La fonction publique recrute
- Emploi Public : qui sont les candidats de demain et qu'attendent-ils ?
- Alexandre Ferreira et Claude Soret-Virolle : "Dans la FPT, des postes restent longtemps à pourvoir"
- Hamza, agent polyvalent, la « petite main » indispensable de la mairie
- Claire, chargée d’études voirie, rénove les routes et ponts de Corrèze
- Ingénieurs, et si vous rejoigniez la fonction publique territoriale ?
- Quelle stratégie face aux difficultés de recrutement ?
- Ingénieurs : 16 % des jeunes ingénieurs veulent travailler dans la fonction publique
- Mélanie, assistante RH, accompagne les agents dans leur évolution professionnelle
- Céline, auxiliaire de puériculture, œuvre au développement et au bien-être des enfants
- Christelle, agent d'accueil de France services, est médiatrice entre le virtuel et le réel
Offres d’emploi en lien avec l’article
Secrétaire général F/H
Titulaire, Contractuel | 11/12/2024 | SORBONNE UNIVERSITE
Agent de laverie à mi-temps
CDD | 11/12/2024 | UNIVERSITE DE BORDEAUX
Gestionnaire Ressources Humaines F/H (
Titulaire, Contractuel | 11/12/2024 | SORBONNE UNIVERSITE
Contrôleur de gestion sociale F/H
Titulaire, Contractuel, CDD | 11/12/2024 | SORBONNE UNIVERSITE