Emploi Public : qui sont les candidats de demain et qu'attendent-ils ?

Alors que les perspectives de recrutement sont grandissantes et que dans le même temps les candidatures se raréfient (16 candidatures/offre en 1997 contre 6 en 2022, selon le Rapport annuel de la Fonction publique), il est plus que jamais nécessaire de bien connaître les attentes des candidats à la fonction publique.

Afin d’établir des profils types, l’école de management EM Normandie a mené, conjointement avec le groupe Actual, partenaire emploi des acteurs publics, et en partenariat avec Emploi Public et La Gazette des Communes, une étude sur l’« Attractivité de l’emploi public face à la fragmentation du rapport au travail » auprès de candidats et agents en poste des trois fonctions publiques : fonction publique territoriale, fonction publique d’État et fonction publique hospitalière. Les résultats sont éclairants et devraient contribuer à réduire le décalage entre les attentes des recruteurs et celles des candidats ou agents en poste.

Un meilleur équilibre vie professionnelle-vie personnelle

Exit la ritournelle sur la sécurité de l’emploi. La question de la stabilité de l’emploi est mise en avant par moins de 5% des candidats à un emploi public. Exit également les valeurs du service public, pourtant souvent jugées essentielles par les recruteurs. Elles sont considérées comme leviers d’attractivité prioritaires par moins de 4% des répondants. Exit aussi la délicate question de la rémunération et des perspectives de carrières. Elles sont les leviers les moins prioritaires, avec moins de 3% des répondants sur chaque critère.

Ce que recherchent désormais les candidats à la fonction publique, c’est en premier lieu l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle. Cet élément est mis en avant par près de 42% des répondants. Viennent ensuite le contenu du travail et des missions (22%), puis l’ambiance de travail (18%).

« Ces résultats vont à l’encontre de l’image traditionnelle du secteur. La stabilité de l’emploi et les valeurs du service public semblent nettement secondaires », résume Jean Pralong, enseignant-chercheur spécialiste des questions de gestion des ressources humaines à l’EM Normandie, qui a dirigé cette étude.

Trois types de candidats à la fonction publique : qui sont-ils ?

En croisant deux variables _l’employabilité et la confiance en l’avenir_, l'étude a permis d'identifier trois types de candidats à l'emploi public.

Les stables optimistes : Ces derniers, qui représentent 23 % des répondants, privilégient l'équilibre vie pro-vie perso et le contenu des missions. La stabilité n’est pas leur priorité. Ils sont attentifs à des offres d’emploi variées et naviguent régulièrement sur des sites d’emploi (jobboard).

Les stables pessimistes : Cette catégorie (21,7% des répondants) recherche avant tout la stabilité et une bonne ambiance de travail. Pour eux, l’emploi public est davantage synonyme de sécurité que d’épanouissement. Ils sont peu actifs dans la recherche de nouvelles opportunités.

Les talentueux optimistes : Majoritairement issus du secteur privé, ces profils (20,7%) sont à la recherche de missions stimulantes. Leur optimisme et leur excellente employabilité les incitent à rester ouverts aux nouvelles opportunités, notamment en intérim et en CDD, et à rechercher activement des possibilités de progression. Ils actualisent fréquemment leur profil LinkedIn (1,9 action par semaine en moyenne) et consultent fréquemment les jobboards (2,81 actions par semaine en moyenne).

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Un défi pour les RH

Face à cette hétérogénéité des profils, les recruteurs doivent, plus que jamais, faire preuve d’innovation et d’adaptabilité. Chacun de ces profils ne sera en effet pas sensible aux mêmes arguments.

« L’idéal du service public ne fait plus sens et, donc, n’est plus une marque ombrelle, conclut l’étude. Reste donc à inventer de nouveaux imaginaires moins généraux et plus proches des réalités. Dans bien des cas, c’est à l’échelle du poste que la réflexion sur les profils à attirer doit être conduite ».