Macron : ce qui attend les fonctionnaires, s'il est élu

La Rédaction • mis à jour le
DOSSIER : Droits et obligations des fonctionnaires

Le second tour de l'élection présidentielle approche. Savez-vous exactement ce que contient le programme d'Emmanuel Macron concernant les fonctionnaires et les enseignants, sur leurs rémunérations, notamment ? On fait le point pour vous.

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Le patron de "En Marche" promet un véritable "big-bang" de la fonction publique. Derrière ce vocable peut se trouver le pire ou le meilleur. Big-bang pour qui, et pourquoi ? Il explique : "La révolution passe par l'individualisation du suivi RH de chaque agent, la suppression de verrous qui font obstacle à la mobilité et le renforcement de la formation professionnelle."

A priori, de bonnes nouvelles, à l'heure où la mobilité inter-fonction publique est encore à la peine. Quant aux verrous évoqués, Emmanuel Macron les connaît-il vraiment et quelle est sa vision ? En fait, ce sont des engagements qu'avait pris... Nicolas Sarkozy !

Salaires des agents publics : le "programme Macron"

Une reprise du programme de Sarkozy pour les fonctionnaires

Emmanuel Macron veut stopper net les "hausses uniformes du point d'indice". Il dit clairement qu'il veut les "individualiser". Il veut également, sans surprise, "individualiser les rémunérations en fonction de la performance des agents". "La prime au mérite existe depuis 1959, mais c'est un levier qui n'a jamais vraiment été utilisé par l'encadrement", dit Mylène Jacquot de la CFDT, citée dans la revue "Challenges" cette semaine.

On rappelle que le point d'indice permet de calculer le traitement (ou salaire brut) des fonctionnaires, et qu'il a été relevé de 1,2 %, les 1er juillet 2016 et 1er février 2017, par la ministre de la Fonction publique Annick Girardin.

>> Lire aussi : Hausse du point d'indice, les salaires augmentent-ils ?

Prime de fonction et de résultats : le candidat de "En marche" ne pourra pas remettre en place la PFR

La prime de fonction et de résultats (PFR) a été créée en 2008 et devait porter cette variable à 40 %. Dans la réalité, elle a varié entre 5 et 10 %. François Hollande l'a supprimée en 2014, et un nouveau régime indemnitaire a été créé, le RIFSEEP Ce  "régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l’expertise et de l’engagement professionnel", est aujourd'hui l’outil indemnitaire de référence.

>> Lire aussi : Le RIFSEEP, nouveau régime indemnitaire des fonctionnaires

Les syndicats s'accordent pour ne surtout pas revenir à la PFR. On comprend aisément pourquoi...

Mais où Emmanuel Macron trouvera-t-il l'argent pour revenir à ce système de rémunération à la performance ? La revalorisation des régimes indemnitaires avec la mise en oeuvre en cours du protocole Parcours professionnels, carrières et rémunération (PPCR) bloque le budget jusqu'en... 2020 !

>> Lire aussi : Le PPCR, ce qui change au 1er janvier 2017 pour les fonctionnaires

Mobilité et passerelles inter-fonctions publiques

Emmanuel Macron souhaite supprimer tout un corps de fonctionnaires : Sarkozy et Hollande ont tous deux échoué à réformer le système d'accès aux grands corps de la fonction publique pour les sortants de l'ENA.

Il veut recruter un quart des directeurs centraux "dans le privé" et augmenter le nombre de contractuels surtout chez les cadres supérieurs de la fonction publique selon le magazine "Challenges". Quid des fonctionnaires en place ? Les pensent-ils "indéboulonnables" ?

Il faut préciser que le haut encadrement dans la fonction publique, ce sont beaucoup d'emplois fonctionnels de direction. Ces hauts responsables sont recrutés par détachement ou directement (sans concours). Et ils "tournent", ce sont des emplois par nature temporaires, car ils incarnent la continuité de l'action publique. Autrement dit, leurs missions sont si étroitement liées à à la mise en oeuvre d'un programme politique donné, qu'ils doivent passer la main quand ce programme change.

>>  Lire aussi : les emplois fonctionnels de direction

Emmanuel Macron et les profs

Transformer le métier des enseignants

On ne sait pas grand-chose du programme macroniste concernant les enseignants. Il a promis une prime de 250 euros pour les profs exerçant dans les quartiers dit "difficiles" (pour rappel, François Hollande avait déjà octroyé une prime de 96 euros mensuels).

Selon Eric Charbonnier (spécialiste de l'éducation à l'OCDE), ce serait un bon moyen d'attirer des enseignants expérimentés dans ces quartiers "difficiles", et d'épargner les jeunes profs débutants.

Diviser par deux les CP-CE1

C'est aussi un objectif macroniste. Réduire les effectifs des classes surchargées des écoles des quartiers les plus pauvres (coût : 241 millions d'euros). Il veut également des bilans tous les 3 ans et plus d'autonomie pour les proviseurs (comme aux Pays-Bas). Il veut aussi une révolution concernant le baccalauréat..., qui risque de créer pas mal de remous si il est élu !

D'un autre côté...

 

Marine Le Pen : ce qu'elle dit des fonctionnaires, des policiers notamment, fait bondir

Dans "le Monde" du 26 février 2017, on peut lire : "Alors que les affaires judiciaires mettant en cause certains de ses proches s’accumulent, la dirigeante d’extrême droite avait pris à parti, dimanche, les magistrats mais aussi plus généralement les fonctionnaires, lors d’un meeting à Nantes. 'Je veux dire aux fonctionnaires, à qui un personnel politique aux abois demande d’utiliser les pouvoirs d’Etat pour surveiller les opposants, organiser à leur encontre des persécutions, des coups tordus (...), de se garder de participer à de telles dérives', avait lancé la candidate FN. Avant de poursuivre : "Dans quelques semaines, ce pouvoir politique aura été balayé par l’élection. Mais ses fonctionnaires, eux, devront assumer le poids de ces méthodes illégales. Ils mettent en jeu leur propre responsabilité. L’Etat que nous voulons sera patriote."

Celle-ci distille aussi l’idée que les fonctionnaires de police formeraient une "garde prétorienne" prête à obéir à des consignes illégales.Les syndicats de magistrats et de policiers ont immédiatement protesté contre cette "menace" et "tentative de déstabilisation des institutions".

>> Lire aussi le dossier de "la Lettre du cadre" : Fonctionnaires, le FN est entré dans la bergerie

 

 

  • Références
  • Sources : Le Monde, 26 février 2017/Challenges, 27 avril 2017

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