Alternance : nouvelle voie de recrutement à l'hôpital ?
Les voies de l’alternance restent encore quelque peu méconnues dans la fonction publique hospitalière. Pourtant, les avantages de l’apprentissage sont nombreux, pour l’apprenti comme pour l’employeur. Le point avec Matthieu Girier, président de adRHess et directeur du pôle des ressources humaines du CHU de Bordeaux.
Le recours à l'alternance est-il fréquent dans la fonction publique hospitalière ?
Le recours à l’alternance est encore peu fréquent, car l’essentiel de nos recrutements, pour la filière soignante, passe par des instituts de formation ou des écoles, rattachés à des structures hospitalières.
Ces écoles et instituts ont la particularité de proposer des formations qui se rapprochent déjà de l’apprentissage dans le sens où l’étudiant alterne entre des périodes de cours et des périodes de stage, ce qui le place en situation professionnelle.
Alternance : le contrat d’apprentissage
Le contrat d’apprentissage est l’une des voies de la formation en alternance. Il s’adresse aux personnes de moins de 30 ans, souhaitant apprendre un métier et acquérir une qualification professionnelle reconnue par un diplôme, un titre d'ingénieur ou un titre répertorié, quel que soit son niveau.
L’apprenti alterne entre des périodes de stage, au sein de l’administration et de cours, dans un centre de formations d’apprentis.
Il est possible d’entrer en apprentissage au-delà de 29 ans. À certaines conditions :
- Être un apprenti préparant un diplôme ou titre supérieur à celui obtenu
- Être un travailleur handicapé
- Être sportifs de haut niveau
- Avoir un projet de création ou de reprise d’entreprise
Quelles différences entre les instituts de formation classiques et l'alternance ?
Il y a quelques différences notamment au niveau de la construction de la maquette pédagogique. Si on prend l’exemple des soins infirmiers, l’apprenti va effectuer tous ses stages dans le même établissement, et va être rémunéré tandis que l’étudiant va varier ses lieux de stage, et ne pas être rémunéré.
L'apprenti exerce tous ses stages au même endroit et est rémunéré
L’alternance se développe-t-elle au sein de la fonction publique hospitalière ?
Si pendant longtemps la filière n’a pas été connue des employeurs, des initiatives gouvernementales permettent aujourd’hui de faire connaître ce mécanisme de formation.
Le CHRU de Tours par exemple a reçu le prix de l’innovation RH pour la création de son centre de formation d’apprentis (CFA).
Du côté des jeunes, le défi actuel est de leur faire connaître cette offre d’emploi. Le CHU de Bordeaux se lance actuellement avec quatre promotions d’apprentis pour les aides-soignants, les auxiliaires de puériculture, les préparateurs en pharmacie et les assistants médico-administratifs (AMA) à la rentrée 2022.
Nous allons mener à partir d’avril une grande opération de communication sur les réseaux sociaux ainsi que dans les forums emplois, et directement auprès des jeunes et ceux éloignés des études supérieures et de l’emploi pour les en informer.
Comment rendre accessible l’alternance à l’hôpital ?
La question de l’alternance est en train d’évoluer sous l’effet de trois mécanismes.
Tout d’abord la libéralisation des formations en apprentissage. Les établissements publics de santé peuvent désormais créer leurs centres de formations d’apprentis (CFA), leur permettant par exemple d’attirer des candidats éloignés des filières publiques et de diversifier leurs sources de recrutements.
Par ailleurs, les fonctions supports dans les établissements publics de santé se sont professionnalisées.
Nous sommes sortis d’un dispositif où les attachés et les ingénieurs étaient issus de filières internes et restaient généralistes.
Aujourd’hui, nous recherchons des professionnels plus experts. Nous devons donc créer des filières de recrutement dans des domaines non liés aux soins.
Aujourd’hui, nous recherchons des professionnels plus experts
L’apprentissage nous aide, car nous offrons ainsi des terrains de découverte professionnelle à des personnes qui ne se seraient jamais orientées dans nos structures.
Nous pouvons ainsi recruter des profils en accord avec nos attentes et nos particularités. Enfin, cette voie nous permet de proposer des formations à des jeunes en situation de handicap.
Quels sont les métiers concernés par l’apprentissage dans le secteur hospitalier ?
Principalement les métiers de la filière soignante comme les infirmiers, les aides-soignants, les auxiliaires de puériculture ainsi que les assistants médico-administratif. Dans ce cadre, les établissements hospitaliers peuvent détenir leur propre CAF.
Autre profession concernée, celle de préparateur en pharmacie hospitalière.
Pour les métiers en lien avec les ressources humaines, la gestion, le marketing ou encore la finance, les établissements cherchent généralement des partenariats avec des CFA extérieurs.
Quels sont les enjeux pour l'hôpital et pour les jeunes ?
Pour les structures, les enjeux sont multiples. L’apprentissage leur permet d’amplifier leur capacité à recruter des professionnels formés, ayant une connaissance de l’institution, avec lesquels nous pouvons capitaliser.
Ils vont être opérationnels dans l’environnement concerné et davantage adaptés à prendre un poste en autonomie à l’issue de leur formation. Cela nous permet aussi de jouer un rôle social d’employeur auprès des personnes éloignées de l’emploi.
Néanmoins, l’apprentissage reste un investissement pour les structures publiques, car contrairement au secteur privé, nous ne bénéficions pas du crédit d’impôt.
Pour les jeunes, l’intérêt est d’avoir un tremplin vers l’emploi et de bénéficier d’un encadrement rapproché pendant leur étude, tout en étant rémunérés.
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