Anne d'Orgeval, SNC : « Chercheurs d’emploi, ne restez pas seuls »

Solidarités nouvelles face au chômage (SNC) fêtera l’an prochain ses 40 ans. Quelle est votre mission ?

Aider les personnes au chômage à retrouver le chemin de l’emploi. Aujourd’hui, la société porte un regard très dur sur les chômeurs. Et s’il est vrai que le chômage a fortement diminué (7,5 % en 2024, contre 10,3 % en 2015, selon l’Insee), que le privé comme le service public peinent à recruter dans certains secteurs, il n’en reste pas moins que la France compte 2,3 millions de personnes en recherche d’emploi, et ces personnes sont souvent les plus éloignées de l’emploi.

Or, on le sait, les personnes en recherche d’emploi peuvent très vite tomber dans une spirale de perte de confiance et de dépréciation d’elles-mêmes, et doivent donc être accompagnées. Si j’ai un seul conseil à donner, c’est : ne restez pas seuls.

Quels sont les profils des demandeurs d’emploi que vous accompagnez ? 

Nous avons un certain nombre de seniors : beaucoup d’employeurs pensent qu’après 55 ans, on est trop cher, pas assez adaptable… Nous avons aussi de nombreuses personnes qui ont vécu un burn-out et ont depuis une relation très abimée avec le monde du travail. Nous avons également des personnes qui, alors qu’elles étaient très épanouies dans leur métier, se sont retrouvées du jour au lendemain remerciées, suite à une fusion, un licenciement… et qui sont totalement désemparées.

Nous accompagnons des personnes qui ont connu un parcours de vie difficile : un deuil, une maladie, etc. Nous accueillons enfin des personnes jeunes ou moins jeunes qui ont juste besoin d’un petit coup de pouce pour rebondir.

Même si nous avons une sur-représentation de cadres, nous pratiquons un accueil inconditionnel dès lors que la personne est en droit de travailler sur le territoire, c’est-à-dire que nous accompagnons tous ceux qui nous en font la demande, quel que soit leur profil ou leur parcours professionnel. Nous suivons 3 500 à 4 000 personnes par an. Les chercheurs d’emploi peuvent nous joindre sur notre numéro vert 08 05 03 48 44 ou nous contacter via notre site internet : Solidarités nouvelles face au chômage (SNC).

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Quel type d’accompagnement proposez-vous ?

Nous proposons un accompagnement individuel, gratuit, sans limite de temps, par un binôme de bénévoles. Notre association compte 1 900 bénévoles répartis sur l’ensemble du territoire, certains d’entre eux ont travaillé dans les ressources humaines ou sur les questions d’emploi, mais les bénévoles présentent là aussi une grande richesse de profils et de parcours professionnels.

L’accompagnement n’a pas de format prédéfini, ni de date de fin, nous nous adaptons au rythme du chercheur d’emploi. En pratique, les rendez-vous durent le plus souvent 1h à 1h30 toutes les deux semaines. La durée moyenne d’accompagnement est de neuf mois. Mais cela peut durer plus.

Et, concrètement, en quoi consiste cet accompagnement ? 

Les premiers échanges, essentiels, consistent à établir un lien de confiance avec la personne. Prendre le temps de comprendre qui elle est, quel est son parcours, quelles difficultés professionnelles ou personnelles elle a traversées, est un préalable capital. Le binôme de bénévoles questionne les intentions et souhaits de la personne et l’aide à réfléchir à son projet professionnel, à identifier les compétences qu’il peut valoriser, etc.

Si cela s’avère nécessaire, nous pouvons avoir recours à notre réseau de psychologues bénévoles, pour un entretien ponctuel ou pour un suivi thérapeutique, grâce à nos psychologues ressources. Une fois le projet professionnel défini, nous aidons à la réalisation du CV, lettre de motivation, préparation aux entretiens d’embauche, etc.

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Et que se passe-t-il une fois que la personne a retrouvé un emploi ? 

Si elle le souhaite, nous continuons à la suivre après sa prise de poste. Les personnes éloignées de l’emploi peuvent être déstabilisées lorsqu’elles retrouvent un travail, et le taux d’abandon est élevé. Elles doivent souvent réorganiser complètement leur vie familiale, se réapproprier les codes de l’entreprise...

Le fait de pouvoir continuer à avoir un binôme référent, au moins les premiers temps, rassure et sécurise la personne et contribue à l’installer durablement dans son poste.

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