Travailler dans le renseignement : 6 services musclés par la "loi antiterroriste"
Les services de renseignement et de sécurité jouent un rôle central dans la lutte contre le terrorisme. Après les attentats de Paris, en 2015, leurs moyens techniques ont été renforcés. De même que les effectifs. Des centaines de recrutements sont programmés.
C'est écrit dans la loi antiterrorisme du 24 juillet 2015 ((loi n°2015-912, relative au renseignement publiée au Journal Officiel du 26 juillet)): le renseignement sera musclé "non seulement en matière d’équipement technologique, mais également, grâce à des plans de recrutement de grande ampleur, passés et à venir, en termes de renforcement des équipes, qui font désormais appel à des compétences nouvelles, telles que linguistes, analystes, ingénieurs ou encore mathématiciens".
Profils recherchés - Les services de renseignement recrute des jeunes diplômés issus de formations de sciences politiques, de droit, de commerce, formés notamment à l'intelligence économique. Ceux-ci sont ensuite formés en interne, au sein de leur service d'affectation, pour apprendre à mettre en oeuvre des stratégies d'influence, de contre-influence et de désinformation... Ils bénéficient aussi des formations de l'Académie du renseignement, créée en 2010 (lire ci-dessous). Ils sont recrutés sous le statut de fonctionnaire ou de contractuel.
Sécurité et renseignement : les 6 services renforcés
On compte 6 services de renseignement français. L'un dépend du ministère de l'Intérieur, deux du ministère de l'Economie et des finances et les autres du ministère de la Défense. Les recrutements sont en cours.
Les recrutements prévus, en chiffres
• Après les attentats de 2015, le gouvernement a fait savoir que 2 680 emplois supplémentaires seront consacrés à la lutte contre le terrorisme "au cours des trois prochaines années", dont :
- 1 400 au ministère de l’Intérieur,
- 950 au ministère de la Justice,
- 250 au ministère de la Défense
- 80 au ministère des Finances (dont 70 pour les Douanes).
• Pour la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), 432 créations de postes ont été programmées ; 130 sont déjà pourvus.
1. La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE)
La DGSE dépend du ministère de la Défense.
- Mission : la DGSE est chargée de "la protection des intérêts français" et opère exclusivement à l'extérieur des frontières. Ses agents sont ceux qui correspondent le plus au profil classique de "l'espion". Mais ne fantasmez pas. Il paraît que leur monde n'a rien à voir avec celui de James Bond...
- Budget : 527 millions d'euros en 2015 (440 millions en 2014).
- Effectifs et recrutements : 5 161 agents, y compris sa branche paramilitaire, le Service Action. Ils sont à 50 % civils, 27 % militaires et 23 % contractuels. Les effectifs ont été récemment renforcés, avec 690 emplois supplémentaires pendant la période 2009-2014. La loi de programmation militaire 2014-2019 prévoit 434 emplois supplémentaires. Il faut ajouter 185 emplois annoncés par le Premier ministre après les attentats de Paris.
A noter, selon l'auteur de l'étude Le renseignement, un débouché prisé, Aurore Bouvard, la DGSE propose tous les ans de 60 à 80 stages de fin d'études à des jeunes ingénieurs, environ 80% débouchent sur un emploi au sein du service.
>> La DGSE est à la recherche d'agents aux profils variés. >> Lire La DGSE recrute : 600 postes à pouvoir
2. La Direction du renseignement militaire (DRM)
La DRM relève du chef d'état-major des armées (ministère de la Défense).
- Mission : le renseignement militaire, en appui des opérations menées par l'armée française et pour la veille stratégique.
- Budget : 201 millions d'euros.
- Effectifs : 1 322 membres, à 81 % des militaires, dont de nombreux experts chargés d'analyser, par exemple, les images des satellites de surveillance.
3. La Direction de la protection et de la sécurité de la Défense (DPSD)
La DPSD dépend du ministère de la Défense.
- Mission : assurer la sécurité du personnel, des informations, du matériel et des installations sensibles de l'armée française. Son domaine de compétence couvre les forces armées, la Direction générale de l'armement, les services de la défense et les sociétés industrielles liées à la défense, soit environ 450.000 personnes.
- Budget : 10,7 millions d'euros en 2015.
- Effectifs et recrutements : 1 100 agents. La DPSD recrute des officiers, pour des postes d'inspecteur de sécurité de la défense (ISD), analyste ou officier recherche. Elle recherche aussi des profils particuliers : spécialistes cyber, linguistes, juristes et psychologues. La DRSD embauche aussi des personnels dans les fonctions supports (RH, informatique, finances, droit, etc.). Sans oublier des personnels civils, fonctionnaires (catégorie A, B et C) ou contractuels. La DRSD recrute des personnes tant pour le volet contre-ingérence que pour le volet administration/gestion.
4. La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI)
La DGSI dépend du ministère de l'Intérieur. Elle a succédé en 2014 à la DCRI, qui relevait de la Direction générale de la police nationale. La DCRI était issue de la fusion, en 2008, de la Direction de la sécurité du territoire (DST) et des Renseignements généraux (RG).
Parallèlement, en 2014, le gouvernement a mis en ordre de bataille le renseignement dit "de proximité", jusqu'alors traité par la sous-direction de l'information générale (SDIG), née elle aussi de la réforme de 2008 et qui avait accueilli une partie des ex-RG. Exit la SDIG, place au Service central du renseignement territorial (SCRT). Il assure la surveillance des mouvements sociaux, dérives sectaires, violences urbaines et mouvements ultras à droite comme à gauche.
La DGSI a repris les missions de renseignement et de police judiciaire dévolues à la DCRI. Mais avec plus d'autonomie et de moyens, elle est voulue comme le pendant de la Direction générale de la sécurité extérieure, la DGSE, mastodonte rattaché au ministère de la Défense employant 5.000 civils et militaires...
Dotée d'un budget propre, la DGSI disposera à terme, outre les 3 600 policiers de l'ancienne DCRI, de 430 analystes, interprètes, informaticiens ou chercheurs recrutés directement par contrat (sans concours) dans les cinq ans à venir. Avec des "salaires attractifs", selon France TV info. Une "machine de guerre", estime un haut fonctionnaire.
- Mission : "rechercher, centraliser et exploiter le renseignement intéressant la sécurité nationale ou les intérêts fondamentaux de la Nation", avec pour priorité la lutte antiterroriste sur le territoire français. Elle a également des missions de police judiciaire.
- Budget : 34 millions d'euros pour 2014, avec un accroissement de 12 millions supplémentaires sur 5 ans
- Effectifs : 3 200 agents, ce chiffre devrait être porté à 3600 dans les prochaines années, indique l'Académie du renseignement, dans sa plaquette "Présentation de la communauté du renseignement".
5. La Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED)
La DNRED dépend du ministère de l'Economie et des finances.
- Mission : "lutter contre les grands trafics en démantelant les organisations criminelles qui se livrent à la contrebande de marchandises prohibées ou sensibles: stupéfiants, armes, tabacs, contrefaçons, espèces protégées". Elle cherche également à détecter et démanteler les réseaux de financement terroristes.
- Budget : 62 millions d'euros (données 2014).
- Effectifs : 713 agents.
>> Lire aussi : Devenir douanier, les métiers des douanes, dossier
6. La Direction du renseignement et de l'action contre les circuits financiers clandestins (TRACFIN)
La cellule Tracfin dépend du ministère de l'Economie et des finances (Douanes).
- Mission : "la lutte contre les circuits financiers clandestins, le blanchiment de l'argent et le financement du terrorisme.
- Son action peut être uniquement déclenchée à la suite de déclarations effectuées par des professionnels assujettis (banques, professions juridiques), par les cellules de renseignement financier étrangères ou par les administrations françaises. Près de 45 % de la production de Tracfin est tournée vers le monde judiciaire et 20 % au profit des services de renseignement.
- Budget : 9,7 millions d'euros.
- Effectifs : 104 agents.
Le renseignement : organigramme
[beginbox title = "Culture et formation"]
L'Académie du renseignement
Créée en 2010, l'Académie du renseignement est un service composé d'une douzaine de personnes, placé auprès du Premier ministre. Ses missions, listées sur son site web, sont :
- "de concevoir, d’organiser et de mettre en œuvre des activités de formation initiale et continue au profit du personnel des services ;
- de favoriser la coopération entre ces services en matière de formation ;
- de participer aux actions de sensibilisation au renseignement."
Depuis sa création, l'Académie a accueilli pas moins de 700 stagiaires issus des différents services de renseignement. Tous les six moins environ, elle forme une promotion de jeunes cadres issus des 6 services et propose à certains d'entre eux des formations de très haut niveau.En 2014, l'Académie du renseignement à publié une plaquette qui présente la communauté française du renseignement
A lire absolument pour bien comprendre l'organisation des services du renseignement (voir ci-dessous, notre slideshare).]
>> Lire aussi :
- Références
- Les métiers du ministère de l'Intérieur, sur le site du ministère éponyme
- La France face au terrorisme. Livre blanc du gouvernement sur la sécurité intérieure face au terrorisme, 2006
- Présentation de la communauté du renseignement, Académie du renseignement
Dates des concours et offres d'emploi
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