Rythmes scolaires : 43% des communes reviennent à la semaine de 4 jours
Depuis un décret de juin 2017, les municipalités peuvent déroger à la semaine scolaire de 4,5 jours. Dès la rentrée de septembre, 43% environ des communes étaient déjà revenues à des rythmes scolaires sur 4 jours. A la demande des personnels municipaux, des profs et des parents de ces collectivités territoriales. Mais cette situation se révèle peu "sécurisante", selon Rozenn Merrien, présidente de l’Association des directeurs de l’éducation des villes (Andev).
Entrepris dans la douleur depuis la réforme Peillon de 2012, tout le travail de structuration des activités scolaires et périscolaires sur 4,5 jours est détricoté par un décret publié le 28 juin 2017 qui permet aux municipalités de revenir à la semaine scolaire de 4 jours.
Dès la rentrée de septembre, 43% environ des communes de métropole avaient déjà revu leur organisation. A Versailles (Yvelines), le maire fortement opposé à la réforme Peillon de 2012, s’est ainsi très vite positionné.
Des consultations locales pour déroger à la réforme Peillon
"Nous avons lancé, dès juin 2017, des consultations dans les conseils d’école et auprès du personnel municipal. Tous se sont prononcés pour le retour à la semaine de 4 jours", avance Anne Bernussou, directrice de l'Education. Même chose à Bezons (Val-d’Oise), le retour à la semaine de 4 jours a été proposé lors des conseils d'école dès le troisième trimestre 2017, et a été demandé directement par les fédérations de parents et les représentants du personnel.
"Les animateurs sont contents de récupérer la journée du mercredi, à l’instar des Atsem et des enseignants", reconnaît Arnaud Chiomento-Darimont, directeur général adjoint des services.
Damien F., professeur des écoles en Seine-Saint-Denis (93), résume une position largement partagée : "Je suis content qu'on puisse revenir à des horaires qui ne convenaient ni aux parents ni aux enfants, ni surtout aux enseignants."
Semaine scolaire de 4 jours : quid de la qualité de l'apprentissage à l'école ?
Selon Rozenn Merrien, présidente de l’Association des directeurs de l’éducation des villes (Andev), "Les discussions engagées dans les territoires sont légitimes, mais elles répondent pour l’instant davantage aux intérêts individuels de chaque métier (enseignants, personnel municipal, animateurs) que d’une véritable prise en compte des intérêts pédagogiques et éducatifs de l’enfant".
De fait, trois ans, c'est un peu court pour évaluer les effets de la réforme sur la qualité de l’apprentissage. En poste à Saint-Denis (93), la directrice a ainsi pris le parti d’engager une concertation sur "l’impact des rythmes scolaires en tenant compte des intérêts des enfants et en évaluant si la réforme de 2012 a permis aux différents acteurs de mieux travailler ensemble".
"Nouveaux" rythmes scolaires : la filière animation satisfaite
Dans son rapport de 2016, le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT) souligne la précarité des animateurs professionnels, souvent employés sur des temps non complets. Le retour à la semaine de 4 jours a permis, dans certains cas, de consolider l’emploi de ces agents.
"Nous allons pouvoir augmenter le nombre d’heures. Les horaires sont moins découpés et facilitent l’organisation du temps de travail", reconnaît Arnaud Chiomento-Darimont, à Bezons. Même son de cloche à Versailles, où l’organisation périscolaire, revue en 2013, avec des animateurs responsables de groupes scolaires et des activités proposées sur le temps du déjeuner, a été conservée. La commune revenue à un accueil périscolaire le mercredi s’est toutefois vue obligée de proposer également un accueil à la demi-journée. "Un moyen provisoire de laisser aux familles la possibilité de réorganiser leur temps professionnel", avance Anne Bernussou.
En débat
Retour à la semaine de 4 jours : l’équité des territoires en question
Le chiffre : 43,39 % de communes de retour à la semaine de sclaire 4 jours dès septembre 2017. La carte des rythmes scolaires publiée par "Maire info", confirmée par les services du ministère en charge de l'Education, montre un partage de la métropole d’est en ouest.Le taux le plus important de passages à la semaine scolaire de 4 jours se situe dans le nord et le sud-est. Dans l’académie de Lille, 78,5% des communes sont revenues à 4 jours; 82,4 % dans celle d’Aix-Marseille et 81,2 % dans celle de Nice. A l’inverse, dans les académies de Poitiers (12,3%) et de Nantes (18,4%), elles sont plus nombreuses à avoir choisi de rester sur un rythme de 4,5 jours.
"L’appréciation du bénéfice du retour de la semaine de 4 jours est assez contextuelle. Elle émane avant tout d’une décision politique et organisationnelle des villes. Celles qui n’étaient pas convaincues par la réforme de 2012 ont sauté sur l’occasion", constate Rozenn Merrien, directrice de l'enfance pour la ville de Saint-Denis (93) et présidente de l’Andev (Association des directeurs de l’éducation des villes).
Résultat : une même circonscription réunit des communes où les rythmes scolaires sont organisés sur 4 ou 4,5 jours. Un défi pour l’Education nationale, comme pour les collectivités territoriales: comment harmoniser au mieux le temps de travail des enseignants et comment garantir une équité entre les territoires? "Une situation qui se révèle peu sécurisante aussi bien pour les collectivités que pour la filière animation", prévient Rozenn Merrien.
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