Enquête sur les métiers en tension des collectivités territoriales

Séverine Cattiaux • mis à jour le
DOSSIER : La fonction publique recrute

Interrogés pour une enquête, les employeurs territoriaux disent qu'ils vont remplacer tout ou partie des départs à la retraite. Mais ils ont parfois du mal à trouver des candidats ayant "le bon profil" pour certains métiers : ces fameux "métiers en tension" des secteurs techniques, médico-sociaux et de l'animation.

Services techniques

Les "métiers en tension" sont ceux pour lesquels les employeurs publics ont du mal à trouver des candidats qualifiés. Ils concernent trois grands secteurs : le médico-social, l'éducation et la jeunesse, et les services techniques. Tels sont à grands traits les résultats d'une enquête menée par "la Gazette des communes" du 4 février au 4 mars 2013.

Des marges de manoeuvre financière réduites pour recruter

« Ce devrait être la dernière année que nous augmentons nos effectifs. Une contraction est à prévoir en 2014 », annonce Marc Andro, adjoint au maire de Quimper, chargé du personnel et vice-président de Quimper communauté (Finistère). D’autres intercommunalités ont déjà serré la vis. Ainsi, la communauté urbaine  (CU) de Strasbourg et Strasbourg (Haut-Rhin) vont redéployer le personnel en interne, afin de poursuivre l’objectif d’évolution à effectif constant.

Les élections municipales de 2014 pourraient changer la donne. « En général, les cadres attendent la fin d’un mandat pour partir, estime Stéphane Pintre, président du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT). Les nouvelles équipes restructurent les services, mais qui peut présager de l’ampleur de cette réorganisation, au vu des difficultés financières qui s’annoncent ? »

En revanche, pour 2015, les grandes collectivités sont pessimistes et si les plus petites communes envisagent une hausse des effectifs, celle-ci est parfois vécue comme une contrainte.

Du côté des intercommunalités, "nous nous basons de plus en plus sur nos besoins propres", déclare Agnès Montalvillo, directrice générale adjointe de Poitiers ville et agglomération (Vienne). La communauté de communes du pays d’Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire) recrutera, elle, un urbaniste, mais au prix d’un effort budgétaire important.

Les départements, dont les budgets sont très serrés, envisagent une baisse globale de leurs effectifs plus importante que les autres collectivités. "En 2015, leurs compétences pourraient évoluer, les embauches seront possibles, en fonction des moyens transférés", nuance Sophie Loiselet, DRH du Finistère (3 000 agents).

Un départ à la retraite = un emploi d'avenir

En 2013, quasiment toutes les  collectivités territoriales ont intégré dans leur plan de recrutement des emplois d’avenir, destinés aux jeunes sans qualification ou jeunes diplômés habitant des quartiers sensibles.

"Dès que nous le pourrons, nous remplacerons un départ à la retraite par un emploi d’avenir", explique Bernard Lusset, premier adjoint au maire d’Agen (650 agents, Lot-et-Garonne). Ces jeunes seront formés et encouragés à passer les concours pour être titularisés. Agen créera ainsi 20 emplois d’avenir en deux ans dans les secteurs de la voirie, de l’éducation et de l’aide à domicile.

La culture et le sport "sacrifiés" sur l'autel des économies

En 2013, les effectifs des services de la culture et du sport sont en berne, particulièrement dans les collectivités de plus de 50 000 habitants. « Les métiers d’éducateur sportif ou d’assistant musical, ne relevant pas de compétences obligatoires, sont les premiers impactés en cas de restrictions budgétaires, souligne Stéphane Pintre, président du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT). Concernant la culture, il y a peu de postes de cadres par rapport aux nombreux candidats. Nombre de personnes sont en attente sur les listes d’aptitude.

Incertitudes sur la politique de remplacement des agents partant à la retraite

Autres enseignements de l'enquête de "la Gazette des communes" :

  • 70%  des collectivités interrogées disent vouloir remplacer au moins la moitié des départs à la retraite;
  • Seules 5% prévoient de n’en remplacer aucun ;
  • 15% des répondants ne savent pas quelle politique leur collectivité va adopter au sujet des remplacements. Désormais, avant de recruter un même profil, la plupart des responsables des ressources humaines s'interrogent sur la légitimité du poste à pourvoir. Si besoin, celui-ci est réaffecté à un autre service.

Pour pallier le non-remplacement partiel, les collectivités territoriales de grande taille semblent avoir davantage de marge de manœuvre. Soit elles réorganisent leur « back-office », réduisent la partie purement « secrétariat », soit elles mutualisent des postes entre communes et intercommunalités, pouvant difficilement réduire les effectifs des services très opérationnels.

Dans les collectivités territoriales, 3 secteurs "en tension" sur le front de l'emploi

Les professionnels du secteur médico-social (médecins du travail, infirmiers, aides à domicile, etc.) et ceux de l’animation et de la jeunesse (animateurs de centres de loisirs, agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles, etc.) sont toujours recherchés. Les petites collectivités sont également très demandeuses de profils techniques. Les grandes intercos se plaignent aussi parfois de ne pas trouver le candidat "idéal". A Strasbourg  (ville et agglo), "certains postes d’ingénieur sont parfois compliqués à pourvoir", témoigne Francis Corpart, DRH.

1 - Le médico-social : Atsem, médecins, infirmiers, aides-soignants... manquent à l'appel

Le vieillissement de la population, la préca­rité galopante et les besoins en matière d’accueil de la petite enfance font que les secteurs de la santé et du social continuent à offrir des postes en 2013. Des métiers en proximité directe avec la population que les collectivités ne veulent pas, et ne peuvent pas, remettre en question. « Lorsqu’un Atsem (agent terri­torial spécialisé des écoles maternelles) part à la retraite, nous le remplaçons quasi systématiquement", déclare Bernard Lusset, premier adjoint au maire d’Agen (Lot-et-­ Garonne). Mais encore faut-il pouvoir recruter car les besoins en effectifs de ce secteur sont, d’après notre enquête, les plus difficiles à couvrir. En outre, il existe un assez fort turn over, un absentéisme important, et une forte proportion de contractuels.

Pourquoi ? En raison des rémunérations et des évolutions de carrière : le tissu associatif et la fonction publi­que hospitalière sont plus attractifs, notamment pour les infirmiers et les aides-­ soignants. Le médico-social se diversifiera dans les années à venir.

De nouvelles qualifications se font jour en lien, par exemple, à la précarité énergétique. Les métiers eux-mêmes évoluent. Une aide à domicile doit être rompue aux outils technologiques de pointe, telle la télémédecine.

Face à la pénurie de médecins, certaines collectivités sont obligées de réorganiser leurs missions, pour mener différemment les instructions des dossiers d’allocation personnalisée d’auto­nomie et la protection maternelle et infantile en ce qui concerne les conseils généraux.

Un manque de valorisation et d’attractivité

Daniel Zielinski, délégué général de l’Unccas : « Les métiers du social souffrent d’un manque de valorisation et d’attractivité, malgré les nombreux efforts entrepris par les collectivités en termes de formation, de management. En tant qu’employeurs, les CCAS doivent faire face à divers freins administratifs : baisse du subventionnement des services de soins infirmiers à domicile, aides de la Caisse d’allo­cations familiales au personnel des crèches, etc. L’Unccas sondera, en 2013, ses adhérents pour mieux connaître les parcours des agents et contribuera à changer le regard porté sur le social. »

2 - Les services techniques : des techniciens plus attirés par le secteur privé

En termes d’effectifs, la filière technique est la plus importante : elle concerne quasiment un poste sur deux dans les collectivités. En 2013, et dans les années à venir, ce sont les métiers «historiques» de la filière (voirie, bâtiment, réseau, eau) qui, connaissant de nombreux départs à la retraite, nécessiteront le plus d’embauches. Toutefois, ceux ci ne trouvent parfois pas preneurs.

Dans notre enquête, les métiers « techniques » occupent la deuxième place parmi ceux en tension. D’où vient cette difficulté à recruter ? Tout d’abord, ces postes manquent, avant tout, d’attrait… Le secteur public subit la concurrence du privé. Ainsi, le secteur du BTP (pourtant en crise) attire davantage les ouvriers qualifiés, mieux rémunérés. L’évolution de la carrière des techniciens est également peu alléchante. A peine en poste dans la fonction publique territoriale, nombre de jeunes techniciens s’empressent de passer le concours d’ingénieur afin d’atteindre des rémunérations supérieures.

A la difficulté de recruter des profils « techniques » s’ajoutent les restrictions budgétaires : des collectivités pourront opter pour la délégation de service public de certains de leurs services. Seront encore très courtisés, en 2013, les directeurs des services techniques multicompétents, notamment pour œuvrer dans les petites et moyennes collectivités.

Un décalage entre profils et candidatures

Fabien Le Port, président de l’ATTF : « Oui, les besoins en techniciens se font ressentir. Pour preuve, notre bourse de l’emploi est de plus en plus utilisée. Non que les collectivités manquent de candidats, mais, manifestement, il y a un décalage entre les profils recherchés et les candidatures. Il faut peut être revoir la nature des épreuves du concours et surtout relancer l’attractivité du grade. A ce titre, notre association prône une revalorisation en début de carrière pour attirer les jeunes diplômés et en fin de carrière pour maintenir une expertise reconnue et recherchée.

3 - L’éducation et la jeunesse : animateurs bien formés recherchés

La réforme des rythmes scolaires préoccupe particulièrement les services qui vont devoir se réorga­niser et recruter pour accueillir les enfants de la maternelle et de l’école primaire sur des temps périscolaires prolongés. Certaines collectivités recruteront des animateurs pour la rentrée 2013. Mais sur quels statuts ? « Nous avions fait un effort en 2012 pour "dépréca­riser" le personnel de ce secteur, explique Marc Andro, adjoint au maire de Quimper et vice ­ président de Quimper communauté (Finistère). Nous essaierons de poursuivre sur notre lancée, mais cela ne sera pas simple. »

Aujourd’hui, il existe une pénurie de personnel formé et doté du Bafa ou du BAFD. Or la caisse d’allocations familiales subventionne les postes d’animateurs dûment formés. Ce problème est encore plus épineux dans les territoires ruraux, plus souvent désertés par les étudiants.

Grenoble (Isère), qui appliquera la réforme dès la rentrée 2014, étudie la possibilité de travailler avec les professeurs des écoles en formation. Les communes, qui reportent l’application de la réforme à 2014, se donnent un délai pour chercher des solutions financières optimales. Par ailleurs, les besoins en matière de coordination « enfance » et « jeunesse » augmentent aussi dans les intercos périurbaines, accueillant de plus en plus de familles.

Le coût de la réforme des rythmes scolaires

Anne-Sophie Benoit, présidente de l’Andev : “Bien que cruciale, la réforme des rythmes scolaires est complexe. Elle impacte les services de l’éducation et de la jeunesse, mais aussi ceux de la culture, des sports, etc. Dès 2013, 40% des collectivités appli­queront la réforme, 30% l’ont reporté à 2014, les autres se posent encore des questions. Cette réforme engendre des coûts pour recruter du personnel ayant les qualifications adaptées. Une ville de près de 10.000 enfants aura besoin de 250 animateurs supplémentaires pour assurer les nouveaux temps périscolaires."

 

  • Références
  • Etude menée du 4 février au 4 mars 2013, auprès des responsables des ressources humaines des collectivités territoriales, par questionnaire renseigné sur internet. 359 répondants y ont participé, dont 71 % de collectivités de moins de 50 000 habitants. Dans un souci de représentativité, les résultats ont été redressés sur la base du nombre d’agents par taille de collectivité. (Source : LaGazette.fr. )

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