Devenir fossoyeur, comme Patrick, agent communal à Merville

Laure Martin • mis à jour le
DOSSIER : Travailler dans l'entretien et la maintenance

Patrick Réant passe une grande partie de sa vie dans les allées du cimetière de Merville (Nord). Et pour cause : il y est fossoyeur, depuis dix ans. Un métier qu'il juge "difficile", mais qui lui plaît parce qu'il est utile à la collectivité.

(Mis à jour le 11/06/2020) Rien ne prédestinait Patrick Réant  à devenir fossoyeur. "J’ai travaillé dans le bâtiment, puis j’ai été chef d’équipe dans le textile, raconte-t-il. L’usine où je travaillais a été délocalisée en Pologne... Alors, en janvier 2003, j'ai été licencié économique." Mais ce père de famille ne se laisse pas abattre. Au printemps suivant, il est embauché sous contrat par  la commune de Merville (Nord) pour s'occuper des espaces verts, faire de la menuiserie. "Puis, j’ai fait un remplacement au cimetière, se rappelle Patrick. La ville a bien aimé mon travail. On m’a donc proposé de devenir fossoyeur." C'est ainsi qu'après avoir suivi les formations nécessaires à Lille, pendant quinze jours, Patrick devient responsable du cimetière de Merville.

Je me dis toujours que ces corps pourraient être ceux des miens.

Exhumer les corps, tâche relativement marginale

Le fossoyeur est surtout connu pour être celui qui exhume les corps. Pourtant, ce n'est pas son activité principale. "Le nombre d’exhumations varie d’une année à l’autre, rapporte Patrick Réant. Certaines années, il peut y en avoir une dizaine, et d’autres années aucune." L’exhumation peut avoir lieu à l’initiative de l’autorité judiciaire ou de l’administration afin notamment de permettre à la commune de récupérer des concessions. "Parfois, la demande vient des familles qui ne souhaitent pas avoir à renouveler une concession", précise-t-il. Les ossements sont alors déplacés, soit dans une autre concession lorsque la famille en possède une, soit dans l’ossuaire.

Fossoyeur : les risques du métier

Patrick Réant (à droite, sur la photo) aime son métier,  qu'il considère comme étant très difficile. « Il s’agit d’un métier vraiment spécial, estime-t-il. Exhumer des corps d’enfants ou de bébés, cela me choque, car en tant que père de famille, je me dis toujours que ces corps pourraient être ceux des miens. D’ailleurs, mon collègue ne va pas à l’intérieur des tombeaux, et personne ne le force car s’il n’est pas prêt, il peut se retrouver en état de choc. » Et d’ajouter : « J’ai beaucoup de respect pour les défunts, je pose correctement les ossements dans la boîte, puis à l’ossuaire. Il faut toujours respecter les corps. »

Nous devons faire attention aux clous très présents sur les anciens cercueils et nous protéger car certaines personnes peuvent être décédées de maladies

Lorsqu’il s’apprête à exhumer un corps, le fossoyeur doit endosser un équipement spécifique : masque, combinaison et bottes avec semelles renforcées pour ne pas se blesser et risquer d’être contaminé. «Nous devons faire attention aux clous, nombreux sur les anciens cercueils, et nous protéger car certaines personnes peuvent être décédées de maladies, explique-t-il. Nous devons aussi faire attention aux bêtes, notamment aux rats dans les grands caveaux. » Les fossoyeurs bénéficient d’ailleurs d’un suivi médical approfondi et de vaccins particuliers.

Les vols de fleurs ou d'objets en bronze sont rares, mais cela arrive. Il faut ouvrir l’œil !

Des missions diversifiées : dossiers, entretien du cimetière, accueil des visiteurs

Patrick Réant endosse également, avec son collègue, d’autres missions : gestion des enterrements dans les cimetières de la ville, propreté, entretien, mise en pâture, entrées et sorties, renseignement des visiteurs ou encore la tenue des comptes rendus des décès de l’année pour les archives de la mairie. Il réalise aussi le terrassement devant la tombe pour préparer la mise en terre du cercueil, et rebouche le trou ensuite.

Nous veillons à que les familles des défunts, déjà assez peinées, n'aient pas à se préoccuper de la propreté des lieux.

Et ce n'est pas tout ! Le fossoyeur surveille le cimetière afin d’éviter les vols : « Ils sont rares mais cela arrive, notamment le vol de fleurs ou d’objets en bronze. Il faut ouvrir l’œil ! »

 Concours et rémunération

Concours annuels nationauw de catégorie B ou C.

  • Concours de catégorie B, vous devez avoir le bac.
  • Concours de catégorie C, aucun diplôme n’est requis.

La formation obligatoire est définie par le décret n° 95-653 du 9 mai 1995. Il s’agit d’un niveau 1 comptant 16 heures de formation.

 

Le fossoyeur peut aussi être employé par une société de pompes funèbres privée. Il doit tout de même suivre la formation obligatoire.

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