A la rencontre des égoutiers de la Ville de Paris

Mayore Lila Damji • mis à jour le
DOSSIER : Travailler dans l'entretien et la maintenance

Rudy Pahaut est égoutier à la Ville de Paris. Fonctionnaire de catégorie C, celui qui était venu dans la capitale pour devenir "commercial dans la hifi-vidéo" a trouvé sa voie dans les entrailles de Paris. Il est en charge des prélèvements dans les égouts. Rencontre.

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Six pieds sous terre, ou plus. Non, ce n’est pas le nom de la série américaine. C’est le quotidien de Rudy Pahaut, 35 ans.

Du haut de son 1,80m, impavide, cet Ardennais de naissance taillé comme une armoire à glace et d’une gentillesse apaisante a toujours été "attiré par tout ce qui est grotte, caverne".

Il "s’est formé sur le tard au métier d’égoutier". Quand on commence, "on va dans des ateliers de curage, de prélèvements ou de TSP (surveillance du réseau d’assainissement), pendant douze mois, avant d’être titularisé", explique-t-il.

Egoutier, un métier dur pour l'organisme

Il faut avoir le cœur bien accroché pour travailler plusieurs heures dans les méandres des canalisations. "Les personnes réussissent le test d’aptitude (qui permet d'être recruté par la Ville de Paris, aucun diplôme n'est exigé), mais une fois qu’elles descendent dans les égouts, elles ne supportent pas l’environnement", souligne Rudy Pahaut.

"Le travail est extrêmement physique", rappelle l’égoutier. Les troubles musculo-squelettiques sont légion dans le métier. La hauteur de certains cloaques est de 1m60...

Je mesure 1m80, donc, quand je travaille, je suis voûté pendant plus de 6 heures.

Les égoutiers souffre également de troubles gastriques, car ils inhalent l’hydrogène sulfuré (H2S). C’est sous une couche de graisse solidifiée que peut se former ce gaz, qui affecte le système digestif, le foie, ainsi que les poumons. Tout cela nécessite un suivi médical approprié.

Un égoutier féru d'histoire souterraine...

Paré de sa combinaison blanche en papier recouvrant un bleu de travail, équipé d’un harnais, d’un casque avec lampe, d’un détecteur de gaz et d’un masque de fuite, "qui n’est utilisé qu’en cas de détection de gaz", il est toujours accompagné par "3 ou 4 collègues" quand il descend. Ils "communiquent beaucoup entre (eux) dans les égouts". Une patrouille de permanence qui intervient 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 en cas d’inondation des caves ou de pertes de clés dans les égouts.

Les femmes aussi peuvent travailler dans les égouts. A Paris, on en dénombre 5.

Prolixe quand il s’agit de parler des égouts, Rudy ne manque pas de rappeler, tel un professeur d’histoire, les anecdotes du passé qui sont gravées sur les parois des égouts. "Pendant la guerre de 1939-1945, des égoutiers ont été assassinés par les nazis car les égoutiers avaient aidé certains résistants à faire passer des armes et des aliments."

Souvent assimilés au décor des Misérables et du Paris du XIXe siècle, les 2.380 km de canalisations acheminent bien d’autres choses que les eaux insalubres ou ménagères de Paris. "Les câbles d’éclairage, des feux tricolores, la fibre optique, les câbles Internet ou téléphone" passent sous nos pieds, précise l’égoutier.

Un engagement syndical soutenu

A la surface de la terre, Rudy Pahaut mène une activité syndicale soutenue. Son principal cheval de bataille : l’âge de départ à la retraite. « Fixé à 50 ans, il a été avancé de deux ans, avec la réforme Fillon », critique l’égoutier.

Issu d’une fratrie de 6 enfants (deux frères et quatre sœurs), Rudy Pahaut a grandi entre un père vendéen et commis en cuisine et une mère au foyer ardennaise. Celui qui voulait devenir technicien en maintenance en électronique ou pilote d’avion, navigue désormais dans les boyaux de Paris.

Malgré les conditions de travail difficiles qui soumettent à rude épreuve son organisme, Rudy Pahaut assure de ne pas avoir "de regrets". "Je me sens utile", dit-il avec modestie, en esquissant un sourire.

Les questions bizarres de la rédac

 

  • Votre situation familiale ? En couple, j’ai un fils
  • Des loisirs ? Depuis 1998, j’ai une activité d’artiste de variété
  • Un livre, une expo ? "Le Mystère de la chambre jaune", de Gaston Leroux. Exposition : Titanic
  • Votre salaire net (prime pour les rats attrapés) ? 1.710 euros nets. Il y a longtemps, les égoutiers avaient une prime de « queues de rat » pour ceux qui attrapaient les rats dans les égouts. Maintenant les primes sont mélangées et on ne sait pas si on perçoit toujours cette prime bien que l’on fasse toujours de la dératisation
  • Votre moment préféré dans la journée ? Quand je retrouve mon fils
  • Si vous exerciez un tout autre métier dans la fonction publique ? Je travaillerais dans le domaine social
  • Réseaux sociaux, vous en êtes ? Facebook
  • Un doudou numérique ? J’ai un MacBook pro et un iPhone

 

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