Jérémy, un inspecteur au service de l'environnement
Jérémy Le Prince exerce le métier d'inspecteur de l'environnement à l'Office français pour la biodiversité, alias la police de l'environnement de l'Etat. C'est au service départemental du Tarn-et Garonne que Jérémy officie depuis juin 2022.
Quelles sont les missions d'un inspecteur de l'environnement ?
C'est un métier qui requiert une grande polyvalence. Nous rendons des avis techniques sur les enjeux de biodiversité en amont de travaux d'envergure. Nous proposons des mesures compensatoires lorsqu'un projet urbain risque de porter préjudice à une espèce protégée. Nous menons des enquêtes pour retrouver les auteurs de méfaits sur l'environnement. Nous procédons à du contrôle administratif visant à vérifier la mise en œuvre d'arrêtés préfectoraux et rédigeons des rapports. Nous contrôlons les chasseurs, les pêcheurs, les moto-cross et intervenons en cas d'incidents et d'accidents de chasse, notamment.
En charge du protocole Onde, nous faisons remonter les informations relatives à l'état des cours d'eau, qui vont permettre d’établir les arrêtés sécheresse. Nous effectuons aussi du suivi d'espèces animales et végétales.
Nous sommes 10 inspecteurs de l'environnement au service départemental du Tarn-et-Garonne. Nous travaillons parfois seul, en binôme, ou en groupe. Nous sommes de service, en moyenne, un week-end par mois, parfois la nuit pour des missions spécifiques.
L'environnement, c'est très vaste... Avez-vous développé une spécialité ?
Étant donné ma première expérience dans la police à Paris, une bonne partie de mon temps est consacrée à la police judiciaire. Je mène ainsi des enquêtes en lien avec des infractions touchant à la biodiversité pour établir les causes et responsabilités. Les investigations partent de témoignages d'associations, de signalements de voisinage. À titre d'exemple, nous avons récemment élucidé une affaire de trafic du chardonneret élégant.
Si un inspecteur de l'environnement se doit d'être polyvalent, il est aussi nommé « correspondant » dans un secteur, ou « référent » quand il a acquis plus d'expérience. Pour ma part, je suis correspondant sur « la continuité écologique ». J'ai en l’occurrence pour tâche de vérifier que les ouvrages installés sur les cours d'eau laissent librement circuler les poissons, pour dire les choses simplement.
Ceci dit, ce secteur, comme beaucoup d’autres, est très technique. Le correspondant ou référent biodiversité va, lui, mettre en œuvre tous les protocoles scientifiques de suivi d'espèces, de comptages, planifier les tournées des équipes... Selon les enjeux environnementaux de chaque département, les compétences recherchées chez les inspecteurs vont varier.
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Quel parcours vous a conduit à ce métier ?
Après avoir travaillé six ans à la police judiciaire à Paris, j'ai voulu changer d'air. J'ai la fibre écologique et je souhaitais m'engager pour la protection de la biodiversité. J'avais aussi envie de renouer avec un mode de vie plus rural et me rapprocher de ma famille.
À la base, j'ai un master 2 en droit pénal car je suis passionné d'investigation criminelle. Néanmoins, j'avais déjà en tête à cette époque l'idée de bifurquer, un jour, vers le métier d'avocat dans le droit de l'environnement. Quand j'ai découvert l'existence du métier d'inspecteur de l'environnement, par un heureux concours de circonstances, ça a fait tilt.
Pendant deux ans, je me suis préparé à cette réorientation : journée découverte au service départemental du Jura, bilan de compétences, Mooc en ornithologie, en biologie... Fin 2021, j'ai posé ma candidature à l'office français de la biodiversité (OFB). J'ai été présélectionné sur la base d'une lettre de motivation et d'un CV. Un certificat de nage libre sur 50 mètres est également demandé.
Sur 40 candidats briguant une affectation en Tarn-et-Garonne, 6 ont passé l'entretien d'embauche. J'ai été retenu. J'ai pris mes fonctions en juin 2022. S'ensuit pour les nouvelles recrues, une formation en alternance pendant un an et demi afin d'être assermenté et commissionné. Les sites de formation sont situés pour l'un à Dry près d'Orléans, pour l'autre à Cottenchy près d'Amiens.
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Quelles compétences vous semblent nécessaires pour exercer les fonctions d'inspecteur de l'environnement ?
Être curieux intellectuellement, avoir envie de s'engager pour la biodiversité. On peut se prendre d'intérêt pour les reptiles, l'ornithologie, l'hydromorphologie des cours d'eau, que je ne connaissais pas du tout avant. On voit la nature d'une manière tout à fait nouvelle.
Condition sine qua non pour embrasser cette profession : apprécier le travail de terrain et les temps derrière son bureau, car il y en a aussi, en particulier en procédure pénale.
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Voyez-vous des inconvénients à cette profession ?
Les échanges avec certains publics peuvent parfois s'avérer difficiles, voire dangereux pour son intégrité physique. On n'est pas toujours très appréciés des agriculteurs lors de contrôles d’arrêtés restriction de l’eau ou par les braconniers pris en flagrant délit.
Une équipe de deux agents s'est fait tabasser lors d’un contrôle de moto-cross près de Verdun. Dans le Cantal, un agent s’est pris une boule de pétanque lors d’un contrôle pêche.
Inspecteur de l'environnement
- Fonction publique d'État
- Catégorie : B
- Filière : technique
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