Femmes en gendarmerie : qui sont-elles ?
La gendarmerie nationale compte presque 18% de femmes. Pourtant, il y a trente ans, celles-ci n'avaient pas leur place dans ce milieu, qui reste malgré tout très masculin.
La présence des femmes au sein de la gendarmerie est une réalité tangible. Fin 2014, elles représentaient 18.041 personnels, soit 17,8% de l'ensemble des effectifs civils et militaires et, plus précisément, 52,5% des personnels civils et 16,6% des personnels militaires.
Pourtant, il y a un peu plus de 30 ans, elles n’avaient pas leur place au sein de la gendarmerie. Après avoir vaincu les réticences, en principe, aucun bastion de la gendarmerie ne leur est fermé aujourd'hui.
Jusqu’en 1983, les seuls militaires féminins de la gendarmerie étaient des personnels de soutien. C’est en 1982 que le ministre de la Défense annonce aux gendarmes français la féminisation des métiers de terrain. Cette étape marque l’ouverture du recrutement de sous-officiers de gendarmerie aux femmes, assorti de quotas. D'emblée, plusieurs questions en termes d’organisation et d’adaptation se posent, comme celle de la tenue, à créer de toutes pièces.
En 1983, la première femme intègre l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr.
En 1988, une campagne de recrutement est lancée, avec pour slogan : "Gendarme ? Ecrivons-le au féminin !"
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Femmes gendarmes : la fin des quotas
Le mouvement de féminisation s’accélère lorsque le président de la République annonce, en 1997, la professionnalisation des armées.
L'année suivante, les quotas de recrutement sont supprimés. Des exceptions demeurent cependant pour les emplois impliquant "la possibilité d’un contact direct et prolongé avec les forces hostiles" ou s’exerçant "dans des conditions particulières, notamment la promiscuité". Les femmes ne peuvent pas accéder, en tant que sous-officier, à la gendarmerie mobile et à la garde républicaine, notamment
En 2005, la gendarmerie compte 12 % de femmes dans ses rangs, pour beaucoup parmi les personnels volontaires, le volontariat ayant été rendu possible par la loi de programmation militaire de 1997-2002.
L'année 2013 voit l'accession, pour la première fois, d'une femme au grade de général de brigade et son affectation à la tête de l’Ecole des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN, à Melun), en 2015, prend valeur de symbole.
La gendarmerie compte désormais environ de 17 % de femmes. Un pourcentage plus élevé que pour l’armée de terre et la Marine nationale.
Les femmes en gendarmerie ont progressivement gagné leur place, y compris au sein d’unités spécialisées, comme le GIGN.
Fin 2014, la dernière restriction faite aux femmes au sein de la gendarmerie prend fin avec une expérimentation, jusqu’à l’été 2016, consistant à affecter 30 gendarmes féminins au sein de 3 escadrons de gendarmerie mobile à Versailles-Satory (78), Sathonay-Camp (69) et Mont-de-Marsan (40).
Exclues des postes à responsabilités
Pour autant, les femmes peinent souvent à accéder à des postes à responsabilités, notamment parce qu'elles n'expriment pas toujours ce souhait et que les conditions de disponibilité liées à ces emplois ne peuvent être allégées par des mesures de temps partiel.
Certains personnels féminins mettent en avant le fait qu’à grade égal leur discours ne fait souvent pas le poids face celui de leurs homologues masculins. Dans bien des cas, elles doivent faire davantage leurs preuves pour être acceptées et subissent parfois des remarques qui ne seraient pas permises si celles-ci étaient adressées à des hommes.
La gestion des maternités est mieux prise en compte, mais constitue toujours pour les commandants d'unité un point de réelle sensibilité, alors que les OPEX ou les congés maladie des personnels masculins ne sont pas regardés avec la même acuité.
Pour les jeunes femmes, la crainte d'un ralentissement de l’avancement professionnel demeure. Les études de cohortes montrent d’ailleurs que les femmes en gendarmerie sont davantage célibataires et sans enfant : 41 % des femmes officiers, contre 13% des hommes.
Plan d’actions pour l’égalité
Afin de vaincre les stéréotypes, une charte du recruteur a été mise en place et pour combattre les comportements parfois hostiles rencontrés auprès de certains personnels, une lutte contre les formes de harcèlements, de discriminations et de violences (HDV) a été développée.
Pour lever les freins aux carrières féminines, tout en prenant mieux en compte les situations de souffrance de certains personnels, le directeur général de la gendarmerie nationale a de plus impulsé, le 6 avril 2014, un plan d’action pour l’égalité professionnelle, qui suit trois axes :
- la conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle,
- l’égalité hommes-femmes
- et la lutte contre les HDV.
Dans cette même lignée, la plate-forme Stop Discri a été mise en place en mars 2014, permettant à tous les militaires hommes et femmes de faire connaître plus facilement ces situations anormales. Et avant la fin de l'année 2016, tous les ministères devront obtenir le « label égalité professionnelle entre les femmes et les hommes » ainsi que le « label diversité », qui imposent le respect d'un cahier des charges très strict.
Avec le temps, le vivier de candidates aux postes de responsabilités ne devrait que s’accroître. Le renouvellement constant de l'institution, avec ses départs en retraite et le recrutement de jeunes gens dans tous les corps, devrait également faire disparaître les dernières réticences.
Source : Note du Centre de recherche de l’école des officiers de la gendarmerie nationale (CREOGN), "Femmes en gendarmerie : à l’heure du bilan, le débat reste ouvert", novembre 2015.
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