Enseignants : le défi de la reconversion
Une professeure en sciences de la vie et de la terre (SVT) qui crée sa société de soutien scolaire. Une enseignante en arts plastiques reconvertie en correctrice pour le Centre national d'enseignement à distance (Cned)… Chaque mois, le site web "Le café pédagogique" présente des cas de reconversion réussis. Mais ces parcours restent des exceptions.
Enseignant, métier difficile à recycler
Rémi Boyer, président-fondateur de l’association Aide aux Profs, seule structure associative accompagnant des enseignants dans leurs démarches de seconde carrière est catégorique : "La reconversion est un parcours du combattant. L’expérience acquise en tant qu’enseignant n’est pas directement transposable dans un autre secteur. Pour se recycler, un enseignant devra oublier… qu’il a été enseignant ! Et apprendre à mettre en valeur d’autres compétences".
Face à ce défi, les enseignants ne disposent pas tous des mêmes atouts. "Un professeur des écoles, multi-disciplinaire, aura davantage d’opportunités qu’un professeur des collèges, très spécialisé", analyse Rémi Boyer.
Des profs sur le départ de plus en plus jeunes
En six ans d’existence, l’équipe d’Aide aux Profs, d’anciens enseignants ayant eux-même entamé une seconde carrière, a instruit, bénévolement, 3 400 demandes de reconversion, réalisé 1 000 pré-bilans de carrière et accompagné 250 dossiers dont une centaine ont concrètement abouti.
"Les premières années, nous étions contactés par des enseignants au bout du rouleau psychologiquement, puis, des enseignants usés physiquement. Depuis 2010, nous accompagnons un nouveau public : de jeunes enseignants qui veulent déjà changer de voie. Leur jeunesse s’avère être un atout pour mener à bien leur projet", raconte-t-il.
Un phénomène difficilement quantifiable
L’Education nationale communique peu sur ces départs, de plus en plus liés aux conditions de travail au sein des établissements. Selon le Livre vert sur l'évolution du métier d'enseignant (2) de 2008, 46 % des enseignants du premier degré et 39 % de ceux du second degré disent songer à quitter ce métier en raison du stress qu'il engendre.
C’est un rapport de la Cour des comptes, datant de 2005, qui fait encore aujourd’hui référence en la matière. On y apprenait qu’à l’époque 97 000 enseignants (sur un total d’environ 1 million) ne travaillaient pas face à une classe. Sur ces 97 000, 9 000 étaient "en disponibilité", ayant quitté temporairement l’enseignement pour une autre activité, et 12 000 "détachés", travaillant pour les collectivités territoriales ou des structures publiques.
En 2010, l’Education nationale a déclaré avoir enregistré, pour l’année scolaire 2009-2010, 145 démissions dans le 1er degré et 183 dans le second degré. Dans le cas d’une démission, l’administration verse une indemnité volontaire de départ, dont le montant peut atteindre 50 000 euros selon le grade et l’ancienneté.
Le détachement, sortie de secours pour les profs
"La reconversion dans un autre métier de la fonction publique par la voie du détachement est la voie la plus empruntée", confirme Rémi Boyer. Pour l’année 2010, l’Education nationale indique que "plus de 400 enseignants ont intégré une collectivité territoriale et 270 enseignants ont accédé à des fonctions d'inspecteur et près de 1 000 à des fonctions de chef d'établissement".
"85 % des personnes que nous suivons restent dans la fonction publique, accédant à des postes dans l’animation, la formation ou encore l’édition. Les 15 % restants vont créer leur propre entreprise, notamment dans le soutien scolaire ou le coaching, certainement pour conserver la liberté et l’indépendance qu’ils ont appréciées dans leur ancienne vie. Il est extrêmement rare qu’un enseignant tente de décrocher un poste de salarié dans le privé", commente le président d’Aide aux Profs.
Mission seconde carrère
Ce n’est qu’en 2006 que l’Education nationale a créé, à la faveur de la réforme des retraites, le service Mission seconde carrière (Miseca), et seulement à partir de 2008 que les candidats au départ ont pu bénéficier des services des "conseillers mobilité carrière ", mis en place dans chaque académie.
Les enseignants ont également accès à la bourse interministérielle de l'emploi public (Biep) qui diffuse la liste des emplois vacants proposés par l'ensemble des ministères et de leurs établissements publics.
Un ensemble de mesures perfectibles : selon les témoignages recueillis par les syndicats, le temps d’attente pour obtenir un rendez-vous auprès d’un "conseiller mobilité carrière " pourrait atteindre, dans certaines académies, plusieurs mois, et ces mêmes conseillers seraient davantage formés à l’écoute de personnel en détresse qu’à l’accompagnement à la reconversion.
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