"On doit faire des choix, je n'ose plus regarder mes patients dans les yeux" lance Carole, infirmière au CHU de Mulhouse. Mulhouse, Colmar et Strasbourg arrivent à saturation en terme d'occupation de lits de réanimation. La raison : un rassemblement évangéliste qui a répandu le virus comme une traînée de poudre dans le grand Est.Avec 1820 cas et 61 décès, c'est le foyer épidémique.
Le cri d'alarme du chef des urgences
Six patients de Mulhouse et Colmar ont déjà été transférés à Marseille via un A330 médicalisé de l'armée de l'air, et 6 patients ont été transférés à Bordeaux.Les CHU ont demandé de l'aide aux autres régions.Sans cette aide ils n'y arriveront pas. Il y a une semaine c'était le cri d'alarme du chef des urgences de l'hôpital de Mulhouse qui évoquait un "tsunami".
En ce début de semaine, l'hôpital de campagne de l'armée devrait être opérationnel
L'armée est arrivée jeudi 19 mars : le régiment de Valbonne en charge de l'installation.Les premières tentes étaient dimanche en cours de montage à Mulhouse. On y croise des militaires en treillis. Jamais la phrase du président Macron "nous sommes en guerre" n'aura si bien raisonné. Les travaux ont débuté jeudi 19 mars avec l'installation de grilles sur le parking de l'hôpital Emile Muller : c'est là que va s'installer l'hôpital militaire, il faut absolument désengorger l'hôpital de Mulhouse.
Une centaine de soignants des armées
L'établissement temporaire sera équipé de matériel de ventilation et d'intubation. Cinq modules de six lits et une centaine de soignants des armées sont là : médecins, infirmiers, anesthésistes-réanimateurs, épidémiologistes et aides-soignants. Le ministère des armées a avoué que l'opération était lourde et complexe mais prête avant le 27 mars.
C'est Strasbourg désormais qui se trouve en grande difficulté
"La semaine prochaine (NDLR : cette semaine) s'annonce pire", selon le Pr Jean-Marie Danion, président de la commission médicale des établissements, pour qui cette situation est "hors-normes". "Hier nous avons vu arriver une nouvelle vague, avec toutes les dix minutes de nouveaux patients (...)" explique le Pr Pascal Bilbault, responsable des urgences.
"On manque de tout"
Dans ces deux hôpitaux, les soignants appellent à l'aide. Marion et Aurélien sont infirmiers : "On manque de tout ; de lunettes de protection, de thermomètres, de solution hydroalcoolique ; je porte un masque périmé...". Avec 3 masques par soignant et par jour,"il ne nous reste quasiment plus de masques". Le ministère des armées a livré 5 millions de masques le 19 mars.
Le privé au secours du public
LVMH s'est mis à produire du gel hydroalcoolique au lieu de parfums. Ce gel est distribué gratuitement. Pernod Ricard donne gracieusement également de l'alcool pour produire du gel hydroalcoolique. Ergosanté fabrique des masques, 400 par jour, car ils ont du tissu.
La Direction générale de la santé a annoncé l'arrivée de 25 millions de masques. Oui mais quand?