Depuis 15 ans, Marion Audousset est bibliothécaire et responsable du réseau de sept bibliothèques dans le Pays de Nexon-Monts de Châlus. Entre Limoges et Périgueux, ce petit territoire compte environ 15 000 habitants. «Ce qui m’anime le plus dans mon métier, c’est la relation avec les usagers, et tous les partenariats que nous mettons en place pour mettre l’outil culturel à porter de main » déclare, Marion, enthousiaste. Si dans les grandes médiathèques, les agents ont plus ou moins des spécialités, la polyvalence est de mise en milieu rural.
Le goût des livres et surtout du public
« Il ne suffit pas d’aimer lire pour être bibliothécaire » prévient Marion. « Ce préjugé est toujours dans la tête des gens et même chez les candidats dont je reçois les lettres de motivation » remarque-t-elle, amusée.
Le bibliothécaire en milieu rural particulièrement doit se sentir à l’aise avec tous les publics, petits et grands. Certes il accueille les usagers, enregistre les prêts, prodigue des conseils de lecture. En sus, il anime des activités « lecture du conte », des clubs de lecture… De très nombreuses plages horaires sont consacrées aussi dans la semaine à l’accueil des classes ainsi qu’aux groupes de plus tout jeunes enfants.
Les bibliothécaires sortent également de leur établissement pour se rendre aussi dans les crèches, les structures d’accueil pour l’enfance et les maisons de retraite. « Cela représente jusqu’à une journée et demi pour chaque bibliothécaire par semaine». Dans l’agenda du bibliothécaire, du temps est enfin dédié à la gestion des documents, avec l’acquisition de nouveaux ouvrages, leur classement, et l’équipement des livres. En milieu rural, l’ensemble de l’équipe a son mot à dire sur le choix des nouvelles acquisitions.
Un professionnel à l’aise avec le numérique
Sans chambouler le cœur du métier, le numérique l’a bien impacté. « On est passé du prêt de collections pur, à des services multimédias puis à des services en ligne » explique Marion. Les ordinateurs, les tablettes numériques et le wi-fi ont fait leur apparition dans toutes les médiathèques du réseau. Autant dire que les bibliothécaires ont dû s’y mettre… Car ce sont eux qui conseillent les usagers. Dans les campagnes, une médiathèque fait même quasi office de « maison de service au public ».
Quant au livre numérique, le budget de la petit collectivité n’étant pas extensible, le réseau n’a pas sauté le pas. Impossible toutefois de faire l’impasse… « Nous proposons des livres numériques libres de droit par le biais d’applications qu’il nous a fallu sélectionner » précise Marion. Cela étant, le livre numérique n’a pas supplanté le livre papier, comme on aurait pu le présager, analyse la responsable du réseau.
Concert et grainothèque…
Mini-salons du livre, mini-concerts, rencontres d’auteurs, ateliers d’écriture, balades land art, etc, le bibliothécaire doit savoir tout faire car il participe à la mise en œuvre d’événements culturels. Le volet culturel étant très développé dans les petits villages moins pourvus que les villes en équipements culturels. Phénomène en plein essor, la mutation des bibliothèques en tiers lieu qu’accompagnent de fait les bibliothécaires. Au classique prêt de livres, de nouveaux services parfois très surprenants débarquent : prêt d’instruments de musique, d’outils de bricolage, grainothèque, armoire à dons, fringothèque…
Gestion des équipes et projets à mener
En tant que responsable Marion Audousset gère aussi la mise en place des plannings de son équipe de neuf personnes et veille à la bonne articulation entre les établissements. Le réseau étant constitué de deux bibliothèques « tête de réseau » de 350m2 environ, deux médiathèques relais d’environ 150m2, et trois petites médiathèques mutualisées avec des agences postales.
« Notre approche est celle d’une gestion d’un réseau de manière homogène, sans hiérarchie entre des bibliothèques têtes de réseau et les autres, considère Marion. Même en étant responsable dans un réseau rural, on est bibliothécaire de terrain » souligne-t-elle. Elargi en 2017, suite à la fusion de deux intercommunalités, le réseau que chapeaute Marion pourrait s’étoffer de nouveaux points lectures et médiathèques annexes pour mieux mailler le territoire. « Ces projets reboostent les équipes » se réjouit elle.
Evolution et perspectives
« On est très peu de catégorie A en zone rurale » observe Marion. La plupart des agents de ce grade vont se tourner vers les grandes médiathèques en villes. Moins fortunées, les petites communes recrutent des agents de catégorie B pour occuper des postes d’encadrants, voire des agents de catégories C. Pratique qui ouvre certes des opportunités intéressantes pour ces professionnels. Nombre de bibliothécaires territoriaux sont également recrutés en catégorie C sans concours. Après quelques années d’expérience, ces agents auront toutefois intérêt à décrocher le concours interne pour évoluer.
Quelle formation?
Le bac en poche, Marion oriente ses études pour devenir bibliothécaire. Elle opte pour une hypokhâgne et une khâgne, enchaîne avec une licence d’anglais dans l’idée de peaufiner l’épreuve d’Anglais du concours de bibliothécaire. Parallèlement, elle suit une formation à l’Institut publique à l’administration générale « pour disposer de toutes les clés pour les concours, les notes de synthèses» explique-t-elle. En 2005, l’année où Marion décroche le concours, la bibliothécaire en herbe est en master « études francophones » et rédige un mémoire sur le métier de bibliothécaire. « La licence pro métier du livre qui n’existait pas à mon époque est aussi une bonne préparation au concours » indique la professionnelle.