Samedi 25 avril, les experts du du conseil scientifique ne prônait une reprise des cours qu’en septembre allant ainsi dans le sens de la communauté éducative. Le groupe de travail de la commission de la culture quant à elle a notamment auditionné des experts médicaux et scientifiques, des représentants des collectivités territoriales, des recteurs, des représentants de chefs d’établissement, d’enseignants des premier et second degrés, des représentants des parents d’élèves ou encore des directeurs d’école ayant participé à l’accueil des enfants des personnels indispensables à la gestion de la crise. Il ressort des douze auditions qu’il a organisées et de ses travaux onze préconisations relatives aux modalités du retour des élèves en classe.
Alors que depuis le début du confinement, le gouvernement indique fonder ses décisions sur des avis scientifiques, les hypothèses de travail présentées mardi dépendent de préconisations sanitaires en cours de définition et non connues à ce jour !
Besoin d’un avis scientifique éclairé
Attentifs à définir un cadre approprié et rassurant pour les élèves, les familles, les enseignants et les élus locaux chargés d’en assurer la mise en œuvre, les sénateurs proposent une réouverture des établissements méthodique et progressive fondée sur deux prérequis indispensables, à savoir l’avis éclairé de la communauté scientifique et la mise en œuvre d’un travail systématique de concertation approfondie au niveau local, les collectivités étant les partenaires essentiels à la bonne marche de l’institution scolaire et périscolaire. Et il semble au groupe de travail que ces déclarations sont plus de nature à être sources de questions que de réponses.
Trois objectifs pour la sécurité
Sur la base de ces deux prérequis, le groupe a émis
onze préconisations concrètes articulées autour de trois objectifs forts visant à garantir la sécurité sanitaire et la continuité pédagogique :
• préparer la reprise des cours en présentiel dans de bonnes conditions ;
• garantir aux élèves et à l’ensemble de la communauté éducative les conditions sanitaires requises tout en poursuivant la continuité pédagogique ;
• prendre en compte les effets du confinement sur les apprentissages des élèves dans le cadre de la rentrée scolaire 2020.
Des études scientifiques non encore lancées !
Des études scientifiques vont être lancées sous peu sur l’infectiosité des enfants. Le groupe de travail regrette que celles-ci n’aient pas débuté un peu plus tôt afin de pouvoir déjà disposer des premiers résultats. En effet, la question de la transmission du virus chez l’enfant et par l’enfant est un facteur essentiel de la définition du protocole sanitaire pour la reprise des cours.
Des collectivités non auditionnées
Le groupe de travail a été très surpris d’apprendre que ni l’Association des Maires de France, ni l’Assemblée des Départements de France ne semblaient avoir officiellement été contactées et associées à cette démarche de concertation. Or, le rôle des collectivités territoriales est fondamental pour une bonne marche de l’institution scolaire et les décisions qui vont être prises en matière de distanciation sociale et de respect des gestes barrières les concernent directement : nettoyage des locaux, transport scolaire, restauration scolaire, accueil périscolaire avant et après la classe, mais également le mercredi, mise à disposition de locaux supplémentaires pour un dédoublement des classes…
Absence de concertation
Cette absence de concertation semble généralisée : les syndicats des personnels de l’éducation nationale et fédérations d’élèves ont indiqué n’avoir eu aucun retour sur les contributions qu’ils avaient fait parvenir au ministère. De même, plusieurs d’entre eux ont indiqué n’avoir pas été informés, en amont de l’audition à l’Assemblée nationale du ministre de l’éducation nationale, des propositions et hypothèses de reprise des cours qui allaient être émises.
Distanciation sociale dans des lieux conçus pour faire du rapprochement social
Comme l’a indiqué une des personnes auditionnées, « il va falloir faire de la distanciation sociale dans des lieux conçus pour faire du rapprochement social et du vivre-ensemble ». Un premier constat se dégage : il semble impossible de faire respecter les gestes barrières par les plus petits, qui ont besoin de contacts. Le prêt des jeux et les matériels pédagogiques mutualisés à l’échelle de la classe posent également problème.
25 % des écoles n’ont pas de points d’eau en nombre suffisant
La question des sanitaires et de l’accès à des points d’eau est également souvent revenue. Selon un sondage réalisé mi-mars par l’observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement, 25 % des écoles n’ont pas de points d’eau en nombre suffisant. 75 % et 77 % des collèges et lycées estimaient également à cette période ne pas disposer de gel hydroalcoolique en quantité suffisante. Un des enseignants ayant participé à l’accueil des enfants des personnels indispensables à la gestion de la crise expliquait exiger de ces élèves – et des adultes – de se laver quatre fois les mains par demi-journée.
Comment mettre 15 élèves par classe ?
Le chiffre de groupe de 15 élèves maximum est considéré comme trop élevé par de nombreuses personnes auditionnées et notamment les enseignants qui ont accueilli les enfants des personnels indispensables à la gestion de la crise. Ils considèrent ainsi que la taille des salles de classe ne permet pas l’accueil d’un tel nombre d’élèves. De plus, dans certains cas, le dédoublement des classes de CP et CE1 en zone d’éducation prioritaire s’est fait – faute de locaux supplémentaires disponibles – en réduisant la taille des salles de classe. Pour rappel, dans les pays où l’école a repris ou va reprendre, une distance minimale d’un à deux mètres est prévue entre deux bureaux d’élèves (Luxembourg, Allemagne, Danemark). Ce plafond unique de 15 élèves par classe méconnait la diversité des établissements français.
Une absence de recensement des moyens humains et matériels disponibles
L’un des facteurs conditionnant la reprise d’un accueil des élèves est directement lié à la disponibilité du personnel de l’éducation nationale, mais aussi des collectivités territoriales. Or, à ce jour, il n’a été procédé à aucun recensement du nombre d’enseignants qui ne pourront pas reprendre les cours en présentiel parce qu’ils font partie des personnes vulnérables ou ont dans leur foyer une personne vulnérable.
De même, l’accueil des enfants sur des temps périscolaires dépend des moyens humains dont disposeront les collectivités territoriales. Or, outre la problématique des agents faisant partie des personnes vulnérables, s’ajoute le fait qu’un certain nombre de communes ont fait le choix pendant le confinement de redéployer leurs personnels traditionnellement affectés dans les écoles sur d’autres secteurs, notamment dans les EPHAD
La restauration, les internats et les transports scolaires : une réflexion indispensable
Le groupe de travail constate qu’à chaque fois que ces thématiques ont été évoquées, aucune réponse n’a été apportée, alors même qu’elles sont profondément liées aux retours pratiques en cours des élèves, et peuvent même être pour certaines familles un argument de retour en cours. Elles sont également potentiellement génératrices de coûts supplémentaires pour les collectivités locales (extension des horaires d’ouverture de la restauration scolaire, dédoublement du nombre de bus scolaires).