Devenir pompier : "Ma responsabilité, l'Expertise handicap pompiers"

Vincent Dorival n’aime pas les vacances. Buller, se prélasser, très peu pour lui. "Je m’ennuie vite", dit-il, avec un sourire, en poussant d’une main son fauteuil le long des couloirs du quartier général des sapeurs-pompiers de Paris. Il est tétraplégique, suite à une bête chute de moto, 13 ans plus tôt, autant de temps d'efforts pour recouvrer, mois après mois, une relative mobilité. Alors, aujourd’hui, pas question de se relâcher.

Le défi de Vincent : la marche internationale de Nimègue

A 36 ans, cet amateur de boxe anglaise et de rugby roule chaque week-end sur des kilomètres pour préparer son prochain défi : la marche internationale de Nimègue (Pays-Bas). En juillet 2015, il devra parcourir 167 km en 4 jours. Une épreuve qui ne l’effraie pas. Déjà champion de France 2014 de lancer de disque, Vincent compte être le premier blessé militaire à y participer.

Nimègue, c’est aussi le moyen d’offrir une vitrine médiatique à des causes importantes, comme le don du sang.

"Peu de gens savent que les militaires ne peuvent être transfusés que par le Centre de transfusion sanguine des armées » précise-t-il, tout en poussant la porte de son bureau. Lors de cette aventure, il se fera aussi le porte-parole d’institutions comme l'Hôpital d’instruction des armées et l’Institution nationale des invalides.

Servir le rayonnement de sa brigade

En attendant, Vincent Dorival (photo ci-contre) besogne auprès de ses frères de cœur, ses collègues de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Brigade qu’il a réintégrée en tant que réserviste il y a deux ans. "Sans eux, je ne serais pas là", reconnaît Vincent. Accidenté, le 18 avril 2001, à quelques mètres de la caserne où il allait prendre son service, le jeune pompier a alors bénéficié d’un secours immédiat. Huit arrêts cardiaques, 11 jours de coma, 10 ans de rééducation plus tard, il mesure sa veine. "J’ai vu la faucheuse de près, mais j’ai la chance d’avoir survécu. Je ne peux donc que progresser."  Un moral sans faille que Vincent Dorival met désormais au service du rayonnement de sa brigade parisienne.

... J’ai la chance d’avoir survécu. Je ne peux donc que progresser.

En interne, il a pris la responsabilité de la mission Expertise handicap pompiers. Car assister, secourir, conseiller des personnes handicapées ne va pas de soi. Pour améliorer la prise en charge et la compréhension des situations d’urgence, Vincent travaille donc étroitement avec les opérateurs téléphoniques du centre de traitement d’appels 18/112.

Vincent Dorival, auteur d'un livret sur le secours aux handicapés

"Une femme enceinte et paraplégique ne ressent pas les contractions de la même façon, il y a donc des questions spécifiques à lui poser. Pour une personne non voyante, il faut par exemple s’informer de la présence d’un chien, etc. Mon rôle est d’adapter constamment les procédures", assure-t-il, tout en délogeant une brochure d’un tiroir. Le livret qu’il tient fièrement en main est le fruit d’une année de travail. Il détaille toutes les instructions utiles pour orienter ses collègues et sera bientôt disponible dans l’ensemble des véhicules d’intervention. Une petite victoire pour le jeune pompier et sans doute pas la dernière !