Devenir DRH d'un hôpital public : le parcours de Michel Senimon
Michel Senimon est directeur des ressources humaines non médicales au CHU de Limoges, le 11e CHU de France. Il a longtemps travaillé dans la fonction publique territoriale, également comme DRH. Il nous raconte son parcours.
C’est un peu un retour aux sources, car Michel Senimon est né à Limoges (Haute-Vienne). Il y a fondé l’ONG Europa en 1995. Avant cela, il a été, pendant dix-neuf ans, directeur adjoint ,puis directeur des ressources humaines au conseil général des Pyrénées-Atlantiques, à Pau.
J’avais envie de mobilité et, quitte à changer de fonction, autant changer de fonction publique et prendre ce poste, qui représentait une promotion dans ma carrière.
Mais à part un bac D, obtenu à Limoges en 1978, on ne relève aucune expérience, côté médical.
"Je pense créer un précédent. Certes, il existe à l'hôpital des directeurs adjoints issus de la territoriale. Mais dans la direction des ressources humaines, je pense que c'est une première et une initiative audacieuse du directeur général du CHU de Limoges."
Michel Senimon est passé de la fonction publique territoriale à la fonction publique hospitalière, suivant le principe du détachement.
"J’avais envie de mobilité, explique-t-il, et, quitte à changer de fonction, autant changer de fonction publique et prendre ce poste, qui représentait une promotion dans ma carrière ». Le changement de majorité au conseil général a aussi motivé sa décision de partir.
6.200 agents sous son autorité
Qui ne connaît pas les coulisses d’un CHU pourrait penser que les « ressources humaines non médicales » correspond à la partie congrue du personnel… Faux : Michel Senimon a, sous sa direction, pas moins de 6.200 agents, dont 4.000 dans le soin : infirmiers, aides-soignants et agents de service, cadres de santé et cadres supérieurs de pôle, ainsi que 2.200 personnes « hors du soin », exerçant les fonctions administratives, logistiques et techniques. L’alter ego de Michel Senimon en charge « des ressources humaines médicales » s’occupe des médecins.
« Les cinq premiers mois, ça a été une sorte de grande machine à laver » reconnaît-il. Mais « bizarrement, au bout de quinze mois, je m'aperçois que les problèmes fondamentaux de la RH sont les mêmes. Je retrouve à l’hôpital les grands paradigmes des collectivités : pilotage des moyens, maîtrise de la masse salariale, affectation de la ressource au bon endroit. Là, c'est pour développer les politiques publiques. Ici, c'est pour soutenir l'activité du CHU, gérer l'absentéisme, développer la démarche de gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences, gérer au mieux les contractuels pour avoir un statut attractif et homogène par rapport aux fonctionnaires… »
Une différence avec la territoriale ? « Un CHU est ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et il se passe toujours quelque chose. C'est un poste qu'il faut prendre avec l'idée d'être très disponible. Et je suis encore l’un des seuls directeurs adjoints à ne pas avoir pris de garde. »
Trois métiers distincts
La journée de Michel Senimon commence à 8 h 45 et se termine souvent à 21 heures, voire, parfois, 22 heures, avec, à midi, « une grosse demi-heure » pour déjeuner. C'est-à-dire que Michel Senimon exerce trois métiers.
1) DRH, stricto sensu.
2) Responsable de la gouvernance des écoles paramédicales.
Le CHU de Limoges pilote 8 écoles de formation. « Nous offrons en effet à nos professionnels de santé la possibilité d'un ascenseur social à l'intérieur du CHU. Un agent de service peut devenir aide-soignant, un aide-soignant peut devenir infirmier…»
3) Directeur référent de la clinique médicale, l'un des pôles hospitalo-universitaires. "La volonté du DG : avoir les mains dans le cambouis et savoir de quoi on parle". La clinique médicale gère la dermatologie, les soins palliatifs, les maladies infectieuses, etc. « A ce titre, je suis en relation directe avec la vie d’un pôle hospitalier universitaire. »
Piloter la masse salariale
Une journée « type » de Michel Senimon consiste en une bonne dose de coordination avec ses propres services pour faire avancer les affaires quotidiennes et les projets, sans parler des 100 à 150 mails par jour… Le cœur du métier de DRH à l’hôpital étant le pilotage de la masse salariale « dans le souci de la meilleure affectation des ressources au bon endroit, pour doper l'activité ». Michel Senimon passe énormément de temps avec les cadres de pôles de santé des CHU…
« C’est très important de connaître l'activité des pôles hospitaliers universitaires pour veiller à la meilleure allocation entre la ressource humaine et l'activité». Néanmoins, petite subtilité: «Ce qu'il faut bien comprendre est cette particularité de ma fonction : les 4.000 personnels soignants sous mon autorité dépendent de moi pour toute la gestion de leur carrière, mais l'affectation de personnel dans les services dépend aussi d'une coordinatrice générale des soins... ».
Reformer et dialoguer, toujours avec les syndicats…
Comité technique d'établissement, CHSCT... Michel Senimon doit conduire de nombreuses réformes, toutes dans le cadre du dialogue social. « J'ai eu la chance de prendre mes fonctions en novembre 2011, c'est-à-dire au moment où il fallait bâtir ce projet social et professionnel dans le cadre du projet d'établissement 2012-2016 : cela m'a permis d'être acteur de ma feuille de route ».
Parmi les réformes : le passage de la notation à l'évaluation, « qui consiste à rendre homogène la culture de l'évaluation dans le domaine du soins, et à l'étendre dans le domaine administrative, technique et logistique ». Le projet doit aboutir au 1er janvier 2014.
Fondateur de l’ONG Europa
Avant le CHU, il y a eu la fonction publique territoriale, à Pau, et encore avant… Michel Senimon a débuté et évolué dans le monde des centres de gestion, à Versailles et à Limoges de 1989 à 1992. "Je suis un spécialiste et un expert du statut de la fonction publique, qui est devenu un DRH en acquérant des compétences managériales sur le terrain notamment dans les Pyrénées-Atlantiques". Voilà qui résume son CV.
C’est probablement cette fibre de juriste qui l’a conduit à fonder Europa, en 1995. Le but de l’ONG : « Analyser, comparer l'action publique, les services publics, la protection sociale des fonctionnaires en Europe. Europa, c'est à la fois de l’étude prospective et comparative, et de l’aide à la décision pour des gouvernements locaux et nationaux », explique-t-il. Il y demeure investi, en tant que délégué général. Cinq personnes autour de lui font vivre un réseau européen dans 22 pays. « En France, on pense avoir tout vu et tout inventé. Avoir la connaissance d’expériences réussies et moins réussies dans les autres pays européens est un formidable atout ».
Le 22 novembre 2013 se tiendra le prochain colloque Europa. Son thème : « La transparence décisionnelle en Europe : faire du citoyen un acteur ou restaurer la confiance ? ».
Les questions bizarres de la rédac'
• Votre situation familiale ?
Marié, et un enfant (une fille de 23 ans)
• Vos loisirs ?
L’ONG Europa : je le vis comme une passion. Autre bouffée d’oxygène : l’enseignement en master « management territorial »
• Un livre, une expo, en ce moment ?
"Le cas Sneijder" de Jean-Paul Dubois et "Flaubert" de Michel Winock. Côté cinéma, "L'écume des jours" de Michel Gondry, assez dérangeant mais époustouflant et aussi le remarquable "Hannah Arendt" de Margarethe Von Trotta.
• Votre salaire ?
5 200 euros nets
• Si vous deviez choisir un tout autre métier dans la fonction publique… ?
J'aurais beaucoup aimé gérer les affaires culturelles...
• Un “doudou” numérique ?
Un I-phone
• Accro aux réseaux sociaux ?
Mails et textos uniquement. Europa sera prochainement sur Twitter…
• Votre moment de la journée préféré ?
Entre 18 heures et 20 heures, quand le fracas de la journée est passé : le moment où les lions vont boire !
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