GIGN : le recrutement est un défi après les attentats...

Janvier 2015 : le GIGN traqueles frères Kouachi, qui ont abattu, le 7 janvier, 12 personnes dans les locaux de "Charlie Hebdo". Retranchés dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), les deux jihadistes sont tués, les armes à la main, deux jours plus tard par les gendarmes d'élite ; 18 stagiaires en formation étaient là, engagés auprès de 100 membres du GIGN pour neutraliser les preneurs d'otages.

13 novembre 2015 : plusieurs attentats simultanés font 129 morts et 352 blessés à Paris.

Le GIGN et la traque des frères Kouachi

Le colonel Bonneau, patron du GIGN, déclarait sur RTL, le 8 juillet 2015 : "Il y aura bien un avant et un après Dammartin-en-Goële (commune où s'étaient réfugiés les frères Kouachi avant d'être tués par les commandos armés)... On y repense souvent pour améliorer les choses en interne, c'est-à-dire pour nous améliorer d'un point de vue technique ou tactique. On est véritablement inscrits dans ce que l'on appelle, nous, la guerre du temps, par rapport à ces actions qui sont par nature soudaines, non programmées, il faut qu'on soit capables de s'adapter immédiatement, d'apporter une réponse, y compris sur des modes d'action qui pour nous ne sont pas tout à fait naturels."

"Souhaitons que cela suscite autant de vocations que l'opération de sauvetage des 173 passagers du vol Air France Alger-Paris à Marignane, il y a 20 ans!" déclarait alors un formateur.

Chaque année, 150 personnes veulent être recrutées au GIGN

Seule une quinzaine de candidats iront au bout du processus de sélection et de formation de près de 14 mois, qui est plutôt costaud : tous doivent être aptes à la pratique du parachutisme et âgés de moins de 34 ans à la date des tests de sélection. Ils effectuent une semaine de tests (épreuves individuelles ou de groupe, questionnaires de personnalité, entretien, mises en situations, etc.). Puis vient la formation.

Les tests visent à évaluer leurs qualités athlétiques, leur résistance au stress et leur courage pour détecter ceux qui vont avoir du mal en mission", observe Rodolphe, chargé de la formation (son identité doit rester secrète).

Spécialisée dans le contre-terrorisme, les libérations d'otages, la lutte contre le grand banditisme, cette unité d'élite de la gendarmerie assure la protection des intérêts français à l'étranger. Les hommes et femmes du GIGN participent à la sécurité et à la protection de certains intérêts vitaux de l'Etat.

Les candidats doivent être gendarmes de carrière

Une majorité de ceux qui entrent au GIGN viennent de la gendarmerie mobile.  Ils sont âgés de 24 à 34 ans, mais à 40 ans, ils seront à la retraite (44 ans pour les gradés, 46 ans pour les majors) ! Mieux vaut être en forme pour effectuer chaque jour marche commando, natation avec  pieds et poings liés, sports de combat, saut d'un pont, mission d'observation dans une pièce saturée de gaz lacrymogène... Ce seront les épreuves des futurs membres du GIGN.

Chaque année, beaucoup de candidats abandonnent pour raisons médicales, surtout liées au moral, car les épreuves ne sont seulement physiques. Il faut être prêt, psychiquement, à affronter et surmonter toutes les situations de crise où la vie d'êtres humains est en danger, dans des conditions très périlleuses.

Le recrutement est un défi, alors que la menace terroriste est considérée comme "très élevée", après les attentats.

Depuis trois ans, le GIGN parvient tout juste à combler les départs. Mais le fonctionnement en sous-effectif semble chronique, selon un membre de la formation du GIGN. Un "déficit" qui se creuse depuis des années.

"Dans l'idéal, 25 places sont à pourvoir, mais elles ne seront pas automatiquement pourvues. Si on garde 10 personnes à l'issue de la semaine de sélection et du stage probatoire de 8 semaines, on s'estimera heureux", souffle-t-il. Hors de question, en effet, de retenir un candidat qui "craquerait" en mission. Cette unité d'élite n'a pas le droit à l'erreur.