Protéger les intérêts français dans le monde: Claire, capitaine de vaisseau

Laure Martin
DOSSIER : Travailler dans l'armée : des militaires racontent leur métier

C'est par "curiosité" qu'elle a rejoint la Marine nationale, à 22 ans. Aujourd'hui, Claire Pothier est capitaine de vaisseau, adjointe au chef de la cellule amphibie de l’état-major de la force aéromaritime de réaction rapide (FRMARFOR).

Claire Pothier, capitaine de vaisseau

"Pendant mes études, j’ai été intéressée par l’idée de faire mon service militaire", témoigne Claire Pothier (qui n'est absolument pas issue d'une familles de militaires !), capitaine de vaisseau, grade le plus élevé des officiers supérieurs de la Marine nationale. "Mais il y a une vingtaine d’années, poursuit-elle, ce n’était ni traditionnel ni facile à expliquer dans un parcours professionnel, pour les femmes."

Après son baccalauréat, elle s’oriente en classe préparatoire scientifique pour devenir ingénieur dans l’industrie ou les travaux publics. Elle entre à l’Ecole Polytechnique, école d’ingénieurs dépendant du ministère de la Défense qui sélectionne sur concours et dont les élèves servent sous statut militaire.

La première année à Polytechnique était consacrée au service militaire, que j'ai eu la chance de faire dans la Marine nationale, sur une frégate.

Le choix d’une carrière dans la Marine nationale, à 22 ans

Son projet d'entrer dans la Marine nationale a mûri durant ses trois années d’études à Polytechnique. "L’environnement professionnel jeune et dynamique, la diversité des missions, le niveau de responsabilités que nous pouvions atteindre, tôt dans la carrière, et le sens de l’engagement me correspondaient bien", se souvient-elle. Dans sa promotion de 400 élèves, quatre autres élèves font le même choix de rejoindre les armées.

A 22 ans, elle renouvelle donc son engagement et rejoint la troisième année de formation de l’Ecole navale, principale école de formation des officiers de marine. "Au cours de cette année, nous avons embarqué pour une mission de cinq mois et demi sur le porte-hélicoptères Jeanne-d’Arc. Il s'agissait d'approfondir la formation à la navigation et aux opérations aéromaritimes, avant de rejoindre nos premières affectations." Claire Pothier se spécialise dans les sous-marins.

Dans la Marine nationale, les affectations sont à durée limitée de deux ans, généralement. Les militaires sont donc soumis à de nombreuses mutations. La construction de la carrière repose sur un dialogue avec le gestionnaire qui doit concilier, dans la prise de décision, à la fois les souhaits des officiers sur le plan personnel et professionnel, les besoins de la Marine et le développement des compétences des officiers.

Commandant en second en Polynésie française, sur un patrouilleur

Pour sa première affectation, Claire Pothier part en Polynésie française pour deux ans, à bord d'un patrouilleur. "Dès la seconde année, à 24 ans, je suis devenue commandant en second, se souvient-elle. Nous accomplissions des missions de service public, surveillant et protégeant les espaces maritimes sous juridiction française, en luttant contre la pêche illicite et en assurant une présence dans toutes les îles, même les plus isolées, par exemple."

A son retour en métropole, elle est affectée sur une frégate à Toulon, puis sur une frégate à Brest pendant trois ans, où elle devient chef du service de lutte sous la mer.

"La Marine nationale assure une présence permanente dans toutes les zones d’intérêt pour la France, rapporte-t-elle, afin de prévenir les crises et d'y répondre, et de protéger les intérêts français, par exemple le transport maritime." Toujours à Brest, elle commande un aviso, dont l’équipage compte 90 marins.

Commander à la mer est un point d’orgue dans la carrière d’un officier. C’est une récompense et un challenge qui nécessite un engagement total.

En 2009, elle est mutée à Toulon à l’état-major de la force aéromaritime de réaction rapide, "qui a vocation à être déployée pour prendre le commandement d’une force maritime, indique-t-elle. J’ai beaucoup navigué sur le porte-avion "Charles-de-Gaulle", j’ai alors participé à des opérations d’intervention plus dures, comme l’opération Harmattan en Lybie, en 2011."

Orientation stratégique à l'Ecole de guerre

Claire Pothier intègre ensuite l’Ecole de guerre, école de formation interarmées qui prépare les officiers supérieurs aux plus hautes responsabilités.  "Il s’agit d’une étape importante pour la poursuite de la carrière", souligne-t-elle. Après un an de formation, elle est affectée au cabinet du chef d’état-major de la Marine sur un poste de conseil en stratégie et politique.

"Ce poste m’a donné l’opportunité de travailler avec de nombreuses autres institutions, comme le ministère des Affaires étrangères, le secrétariat général pour la mer, etc."

Elle est ensuite affectée comme commandant en second des nouvelles frégates "Provence", puis "Languedoc", alors en armement à Lorient.

"Dotés des technologies les plus récentes, ces bâtiments incarnent le renouvellement des capacités de la marine afin d’être en mesure faire face aux futurs défis en mer. Leur arrivée dans la marine s’accompagne d’une montée en compétences techniques des marins."

Pour aller plus loin encore

 

Expertise opérationnelle avec des états-majors multinationaux

Après avoir commandé une frégate de type "La Fayette", à Toulon, avec laquelle elle a participé à la mission de formation des officiers de marine, Claire Pothier est de nouveau affectée à l’état-major de la force aéromaritime de réaction rapide, à Toulon, dans le domaine amphibie, c’est-à-dire la projection de force depuis la mer sur une côte hostile.

"La cellule amphibie a un rôle d’expertise opérationnelle. Nous sommes en charge de la doctrine, de la formation et de l’entraînement, de la préparation de l’avenir car nous contribuons aux travaux sur les futurs équipements amphibies. Nous préparons et conduisons également  des déploiements opérationnels."

"Ce poste m’a permis une nouvelle fois de conduire des opérations et des exercices avec des unités alliées et de travailler dans des états-majors multinationaux. En effet, si les armées françaises demeurent capables d’opérer seules, la plupart de nos opérations sont  conduites en coalition."

Entre commandement et expertise technique, action et réflexion stratégique

Claire Pothier quittera son poste dans quelques mois, pour une nouvelle fonction qu’elle ne connaît pas encore.

"J’ai eu la chance de tenir des fonctions très variées dans ma carrière, certaines davantage tournées vers l’action, d’autres vers la réflexion, des postes alliant des responsabilités de commandement/management d’équipes et d’expertise technique. Nos changements d’affectation réguliers nous permettent de ne jamais tomber dans la routine."

Combien gagne le capitaine de vaisseau ? 

 

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