(Mis à jour le 1er juin 2020) L'apprentissage a la côte. « Aujourd’hui, 90 % des collectivités ont recours à l’apprentissage, rapporte Frédéric Jalier, directeur général adjoint (DGA) de la ville de Pantin (Seine-Saint-Denis) et membre du bureau de l'Association des DRH des grandes collectivités territoriales. Il s’agit d’une pratique très répandue. »
Et pour cause, les intérêts de l’apprentissage sont nombreux. Tout d’abord pour la collectivité qui peut potentiellement, à l’issue de la formation de l’apprenti, le recruter. « Pour des métiers en tension, la collectivité se crée un réservoir de recrutement, un potentiel de talents », explique-t-il. Cette formation en alternance s’inscrit également dans le cadre de la politique d’insertion des jeunes au sein des collectivités. « C’est d’autant plus important que les emplois d’avenir ont été supprimés il y a deux ans, alors qu’ils étaient un moyen, pour les jeunes, de "mettre un pied" au sein d’une collectivité », rappelle le DGA. Aujourd’hui, l’apprentissage peut remplir cette mission, cela relève de la responsabilité sociale de l’employeur.
Côté apprenti, l’intérêt est de pouvoir intégrer une équipe, d’être opérationnel rapidement, de se voir confier des responsabilités. « Dans une commune, la dimension opérationnelle est rapide, poursuit Frédéric Jalier. Sur le terrain, au sein des équipes, la phase d’observation est brève. L’apprenti peut être amené à gérer des projets en toute autonomie, certainement plus facilement que dans le secteur privé. »
Quelques freins
Si les collectivités ont massivement recours à l’apprentissage, le problème relève davantage de la fidélisation des apprentis. « Moins d’un apprenti sur quatre travaille, à l’issue de son apprentissage, dans la collectivité où il l’a réalisé », regrette Frédéric Jalier. Et de poursuivre : « Il n’existe pas de clause de dédit-formation pour les collectivités. »
L’un des freins repose notamment sur la nécessité, pour les apprentis, de devoir passer un concours pour intégrer la collectivité ou alors d’être contractuel, et ce malgré leur apprentissage. « Ils sont nombreux à ne pas comprendre, reconnaît le DGA. Peut-être faudrait-il envisager une voie spéciale réservée aux apprentis dans la fonction publique. Il s’agit d’une réflexion à avoir afin de faire évoluer les concours de manière générale. »
Certains secteurs peinent également à recruter des apprentis, notamment celui de la propreté ou encore de la restauration collective. « Pour promouvoir l’apprentissage, les collectivités peuvent renforcer leurs liens avec les centres d’apprentissage, suggère Frédéric Jalier. Il pourrait également être utile d’investir dans la formation des maîtres d’apprentissage et de valoriser davantage la fonction. »