Pilote de drone, un métier qui a le vent en poupe

Séverine Cattiaux
DOSSIER : Travailler dans la sécurité

En matière de sécurité à la population, il est désormais difficile de se passer de pilotes de drone. Que ce soit dans la police nationale, la gendarmerie, ou les sapeurs-pompiers, ces engins dûment pilotés confèrent une aide précieuse aux équipes d’intervention, dans moult situations. 

policier national pilote de drone DGPN - SICoP

Et si vous deveniez pilote de drone ? Le métier a la côte et l'Etat, comme les collectivités locales, recherchent de plus en plus cette compétence.

Les forces de l’ordre ont, désormais, très souvent recours aux drones. Surveillance préventive, localisation des manifestants, intervention lors d'accidents, recherche de suspects, survol d’accidents, lutte anti-terrorisme...  Dans de multiples occasions, le télépilote de drone est sollicité en appui aux unités opérationnelles.

Grâce à la caméra embarquée du drone, le télépilote est en mesure d’inspecter en temps réel une zone difficile d’accès et ainsi de recueillir des informations stratégiques communiquées derechef aux unités d’intervention. Lesquelles vont pouvoir agir de manière adaptée et optimisée, tout en limitant leur exposition au danger. "La pratique du drone demande beaucoup de dextérité et de concentration", indique une experte de la police nationale.

N’est toutefois pas télépilote dans les forces de l’ordre qui veut. Seuls les policiers, sapeurs pompiers, gendarmes en exercice sont pour l’heure habilités à devenir télépilotes. « Cela viendra peut-être, mais on ne forme pas encore des télépilotes dés la formation initiale de gardien de la paix" commente la spécialiste.

Des règles à suivre, un savoir-faire à acquérir 

Capteur anti-collision, GPS leur permettant de revenir seul au point de départ en cas sous régime, les drones sont de plus en plus intelligents. Toutefois, leur manipulation n’est pas si aisée et requiert bon nombre de compétences, de connaissances, et un certain savoir faire.

Depuis fin 2019, l'armée de l'air a pris en main la formation pratique des télépilotes de la police nationale. La formation se déroule sur six semaines. Tous les trois ans une remise à niveau est également prévue. Préalablement aux leçons de pilotage, l’aspirant télépilote devra obtenir le certificat d'aptitude technique délivré par la direction générale de l'aviation civile. A l’issue de cette formation, « les calculs de trajectoire, l’orientation du drone en fonction de la vitesse du vent, etc. n’auront plus de secret pour le télépilote » indique l’experte de la police nationale, qui ajoute « les matheux sont plus doués que les autres ».

Comme n’importe quel pilote de drone, les fonctionnaires devront eux aussi se conformer aux cartes de l'aviation civile interdisant le survol de certaines zones, tels les aéroports par exemple, « sauf autorisation spéciale» précise l’experte.

Une loi pour déverrouiller les usages

La sécurité routière, le contrôle aux frontières, et le sauvetage en montagne sont des secteurs où les télépilotes sont particulièrement employés, dixit les services de la police nationale. Eu égard au contexte sociétale, les missions pour les télépilotes de drone vont a fortiori se développer dans les prochaines années.

Pour l’heure, un flou juridique et quelques zones d’ombre contraignent toutefois le développement de ses usages. Ainsi, lors du premier confinement, les policiers ont par exemple voulu utiliser les drones pour effectuer des contrôles sanitaires et identifier les rassemblements de personnes dérogeant à l'observance des règles de distanciation. Suite à un recours de la Ligue des droits de l’Homme, le conseil d'Etat a demandé, le 18 mai dernier, de mettre fin à cette pratique, en raison de l'absence d'un texte encadrant le traitement de données personnelles. La captation d'images de personnes lors des manifestations est également très décriée par certaines associations.

En vue de poser un cadre, la proposition de loi relative à « la sécurité globale » comprend un chapitre sur les drones, ayant vocation à rassurer la population sur la confidentialité des données, tout en donnant le feu vert à l’utilisation des drones par les forces de l’ordre.

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