La fonction publique territoriale peine à recruter. « Au niveau francilien, une tension est apparue et s’est répandue depuis le lancement d’importants chantiers liés au Grand Paris et aux Jeux Olympiques de 2024 mais aussi parce qu’après une période de tension, le secteur du BTP se porte mieux », fait savoir Frédéric Jalier, directeur général adjoint de la Ville de Pantin (Seine-Saint-Denis) et membre du bureau de l'Association des DRH des grandes collectivités territoriales.
Cette tension concerne
les métiers des services techniques, notamment les techniciens et les ingénieurs bâtiments et voiries d’infrastructures. Ces profils, qui peuvent intervenir aussi bien dans le public que dans le privé, sont assez demandés. « A l’échelle des collectivités, nous sommes devancés par l’attractivité des salaires souvent plus élevés dans les entreprises privées, reconnaît Frédéric Jalier. Mais nous avons d’autres ressources. Nous devons mettre en avant la dimension d’intérêt général et de service public, qui répond à une vraie aspiration aujourd’hui. »
Pour preuve : des recrutements ont lieu à l’échelle même d’une collectivité, puisque des habitants manifestent un attachement réel à leur territoire. « Cet attachement au service public n’est pas nécessairement nouveau mais les collectivités le redécouvre, fait savoir Frédéric Jalier. C’est peut-être lié à la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) qu’elles mettent aujourd’hui davantage en valeur pour être plus visibles des demandeurs d’emplois. »
Autre métier en tension : les policiers municipaux. « Les municipalités développent leur effectif de policiers, ce qui explique le manque de candidats », explique Frédéric Jalier. Mais une autre problématique entre en ligne de compte : la question de l’armement. « Les polices municipales qui sont dotées d’armes à feu semblent mieux recruter », fait savoir le DGA. Celles qui ne souhaitent pas armer leurs policiers peuvent, pour attirer, mettre l’accent sur d’autres outils comme à Pantin avec la brigade équestre, la brigade canine, la présence d’un centre de supervision urbain, ou encore la mise à disposition d’une arme à impulsion électrique.
Les métiers techniques et réglementaires
L’inspecteur de salubrité, en charge de vérifier la salubrité des bâtiments, fait également défaut aujourd’hui. « Il a un profil à la fois technique et administratif, précise Frédéric Jalier. C’est l’une des raisons expliquant les difficultés de recrutement. Ses compétences hybrides sont difficiles à trouver d’autant que peu de formations existent dans ce domaine et que les étudiants sont également démarchés par le secteur privé. »
Les gestionnaires carrière et paie sont eux aussi en tension. Leur rôle est de suivre l’évolution de carrière des agents et leur rémunération. « C’est un métier au cœur de la DRH avec un axe assez technique puisque le contenu est riche et les évolutions nombreuses en termes de connaissances », souligne Frédéric Jalier. Les collectivités ayant des difficultés à trouver ce profil ont d’ailleurs recours à l’apprentissage.
Pistes d’attractivité
Comment les collectivités peuvent-elles attirer ces profils ? Frédéric Jalier conseille de renforcer les liens avec Pole Emploi, avec les missions locales et de nouer des partenariats avec des écoles type DUT ou IUT des secteurs en tensions. Il faut aussi selon lui mener un travail au niveau de l’orientation dans les lycées afin de faire connaître les collectivités et les métiers. « Nous devons donner de la visibilité à ce que nous faisons en tant que collectivité, conseille-t-il. Par exemple, mettre en avant le déroulement de carrière avec la mise en place d’un parcours professionnel individualisé. »
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