Quel rôle pour le manager public à l'ère du numérique et de l'intelligence artificielle (IA) ?

Pourquoi avoir écrit ce livre sur le rôle du manager à l'ère du numérique et de l'intelligence artificielle?

E. Léon - Nous avons constaté un réel besoin de clarification sur les transformations à l’œuvre dans le secteur privé et public. Il est nécessaire de repenser nos modèles managériaux, trop longtemps contraints par l’unité de temps, de lieu et d’action. Aujourd’hui, avec le numérique et l’intelligence artificielle (IA), ces trois unités sont mises en question et doivent nous conduire à fonctionner différemment.

Nous nous sommes alors naturellement posé les questions suivantes : quelles compétences pour le manager ? Dans quels espaces de travail ? Avec quel type de collaboration ?...

Car aujourd’hui, le manager doit être en capacité d’interagir aussi bien avec ses collaborateurs qu’avec des travailleurs indépendants, via les plateformes numériques, des robots et des systèmes d’IA. La donne a changé.

Quelles informations souhaitez-vous transmettre aux managers ?

Trois points-clés sont clairement explicités dans l’ouvrage. Le premier, c’est que les compétences des managers sont amenées à évoluer sous l'effet des nouvelles technologies du numérique. Leurs compétences classiques, prendre des décisions ou motiver ses collaborateurs par exemple, doivent être repensées sous de nouveaux formats. Par exemple, comment exercer son leadership à distance, motiver et gérer un collectif dispersé sur un territoire? 

Les compétences numériques, d’agilité ou de Design Thinking sont indispensables à l’exercice du management, quel que soit le lieu où ce dernier s’opère.

Un autre point-clé concerne les espaces de travail. Nous sommes face à un réel paradoxe : il n’a jamais été aussi facile de travailler à distance de son lieu de travail et pourtant, l’espace de travail n’a jamais eu autant d’importance. A partir du moment où l’on peut effectuer de nombreuses taches à l’extérieur de son lieu de travail, devoir s’y rendre doit avoir du sens et une utilité. Cela se ressent dans l’engagement au travail de l’employé. Ne pas penser l’espace de travail serait aujourd’hui une grave erreur.

Le troisième point clé porte sur l’idée de collaboration.  Il faut apprendre à travailler avec les plateformes numériques ou avec des travailleurs indépendants, avec des robots et des systèmes d’IA. Et l’une des compétences essentielles sur laquelle nous voulons attirer l’attention, c’est la nécessité d’être curieux et l’obligation pour le manager d’acculturer ses collaborateurs.

De quelle manière la fonction publique est-elle concernée par ces problématiques ?

La fonction publique se pose aujourd’hui la question de la mise en œuvre du télétravail, et favorise le développement de nouveaux types d’espaces, les espaces de coworking par exemple.

Le télétravail est la demande numéro 1 des Français, concernant leur qualité de vie au travail. Donc, ne pas y répondre est problématique.

Les managers de la fonction publique doivent s’interroger sur l’organisation des équipes, des échanges, sur l’utilisation du numérique lorsqu’un agent travaille à distance.

Le télétravail  peut  ainsi avoir plusieurs effets vertueux : diminution de la fatigue liée au transport, amélioration de la délégation pour le manager et, au niveau des territoires, renforcement de leur attractivité et opportunité de redynamiser l’économie locale.