Risques psychosociaux : une formation inédite pour crever l'abcès

En septembre 2014, trois ateliers d'une journée sur les risques psychosociaux (RPS) se sont succédé à Quimper et Quimper agglomération. Ils ont été suivis par 60 managers encadrant au moins 5 agents : cadres, agents de maîtrise, directeurs généraux adjoints, chefs de service, etc.

C'est Laurence Libeau, formatrice au CNFPT et docteur en psychologie clinique, spécialisée dans les RPS. qui a conçu et conduit cette formation.  A la demande du directeur des ressources humaines (DRH) des deux collectivités territoriales, Hervé Petton, qui avait déjà eu l'occasion d'apprécier ses compétences.

Brassage et mise en perspective - Ces trois ateliers portaient sur la prévention des RPS  "primaires, secondaires et tertiaires".

Les risques primaires sont ceux générés par l’organisation de la collectivité territoriale. Il s'agissait donc, pour les participants, de réfléchir ensemble aussi bien à la communication institutionnelle, la formalisation de la conduite de réunion qu'à la mobilité des agents.

Pierre-Yvon Le Bras a suivi ce premier atelier. Il est responsable du service voirie-droit de place et encadre 23 personnes : « Tout le monde était invité à prendre la parole [...] Nous avons balayé la problématique et dressé l'inventaire des ressentis mis sur la table. »

« Ce qui a fait la richesse de cet atelier : le brassage des interventions de collègues de différents niveaux de responsabilité, cadres, et agents… », déclare-t-il. "Pour notre service en particulier, nous avons pu mettre nos problèmes en perspective, les relativiser par rapport à ceux des agents du secteur social, par exemple."  Mais le responsable du service voirie admet de rien tirer de très concret encore de ces échanges : « Nous attendons la synthèse qui sortira de ces trois ateliers. »

Plus de communication et de considération… - L’atelier n°2 a concerné les « risques secondaires ». Autrement dit, toutes les situations préoccupantes dans les services : stress, voire "crise", pour cause de sous-effectifs, par exemple. Henriette Guyader est jardinier. C’est la direction qui lui a demandé de se porter volontaire pour participer à cet atelier.  "On dirait que la communication est le souci numéro 1 (…), remarque-t-elle, ça doit rester bloqué à un endroit (…) ». Un exemple ? : « Certains personnes découvrent parfois des choses qui concernent leur service dans le journal, alors qu’elles auraient souhaité les apprendre de leur chef. Oui, le manque de considération peut faire souffrir… ».

On dirait que la communication est le souci numéro 1 (…), ça doit rester bloqué à un endroit.

Henriette Guyader, jardinier

Le troisième et dernier atelier sur les risques tertiaires concernaient les personnes se retrouvant, un jour, confrontées à un stress lié à leur job, au contexte du travail… Quelles solutions, quel processus enclencher ?

Approche attentive et scientifique -  Laurence Libeau, formatrice au CNFPT et docteur en psychologie clinique, est une experte des terrains sensibles. Elle avait soigneusement préparé ces ateliers. En octobre et novembre 2013, elle a procédé à des entretiens individuels pour réaliser un diagnostic approfondi de "l’état de santé" de la collectivité. Elle a ainsi mené 40 entretiens individuels non dirigés, d’une heure, tous sous le sceau de la confidentialité.

Hervé Petton, DRH des deux collectivités, déclare : « Ce faisant, elle a crevé l’abcès ». Les participants ont été tirés au sort, puis sélectionnés de manière à constituer un panel représentatif de la variété des métiers et des niveaux hiérarchiques." C’est à partir de cette "matière" que Laurence Libeau a dirigé et animé les trois ateliers de septembre. La scientifique en prépare la synthèse, qui débouchera sur un plan d’actions.