Rapport Moreau sur les retraites : ce qu’il préconise

La Rédaction • mis à jour le

C'est dans un souci "de lisibilité du système de retraite et d’équité entre les fonctionnaires", que le rapport de la commission Moreau "pour l'avenir des retraites", remis le 14 juin 2013 au Premier ministre, préconise de modifier le mode de calcul des pensions des agents de la fonction publique, avec une période de référence de trois à dix ans.

hommes-obscurite

Dans le privé, les retraites sont calculées sur les 25 meilleures années, et dans le secteur public, sur la base du traitement de référence des six derniers mois. Cette différence serait "perçue comme un avantage majeur", selon les auteurs du rapport de la commission Moreau. Et ce, même si la part du revenu d’activité que conserve un salarié ou un fonctionnaire lorsqu’il fait valoir ses droits à pension, sont finalement très proches (respectivement, 74,5% et 75,2%).

Intégrer les primes pour le calcul de la retraire

Autre argument pour modifier les règles de calcul de pension dans la fonction publique : aboutir à plus équité entre les agents en prenant en compte une partie des primes dans le calcul. 
L’augmentation de la part du régime indemnitaire aurait ainsi entraîné la diminution du taux de remplacement des fonctionnaires d’environ quatre points pour les hommes et de deux points pour les femmes en huit ans, tandis que ce même taux varierait de 75 % à moins de 50 % en fonction du montant de primes, pour une carrière complète.

Une perte "plus que compensée"

La commission a donc examiné dans son rapport un mode de calcul de la pension avec une durée de référence qui varierait, selon les scénarios, de trois à dix ans. La perte qui pourrait en résulter serait, selon elle, « compensée par l’intégration d’une partie des primes ».
Ainsi, dans le cas où la durée de référence serait les dix dernières années, la perte de pension, sans intégration de primes, est estimée en moyenne à 3,6 %, alors qu’avec une intégration des primes (dans la limite de 5% du traitement), cette perte serait « plus que compensée ».

Un « traitement particulier » est préconisé pour les agents « ne percevant pas ou peu de primes ».

La mesure, qui monterait progressivement en puissance “après une durée de référence d’un an la première année”, n’a “ni pour objet, ni pour effet un gain budgétaire”, estiment-ils.

Plus proches des salariés du privé

De façon plus générale, le rapport Moreau juge souhaitable de rapprocher davantage les règles applicables aux fonctionnaires de celles en usage dans le secteur privé, afin de limiter « les incompréhensions ». Arguant que la convergence, déjà engagée suite aux réformes de 2003 et 2010 (durées d’assurance alignées, rapprochement des taux de cotisation, convergence des conditions d’attribution du minimum garanti et du minimum contributif, fin du dispositif de départ anticipé pour parents de trois enfants), se poursuit.

Les régimes spéciaux aussi

L’allongement de la durée de cotisation pour les salariés préconisée par le rapport sur les retraites impactera tous les salariés, y compris ceux bénéficiant de régimes spéciaux (SNCF, EDF, etc.), a souligné Yannick Moreau, présidente de la commission d’experts. Selon elle, es avantages apparents de ces régimes vont devenir de plus en plus relatifs au fil du temps, s’ils veulent toucher une retraite à taux plein. “En augmentant cette durée (de cotisation, ndlr) progressivement et en instituant une décote, le fait de partir tôt pénaliserait les montants” des pensions de ces salariés, a-t-elle expliqué.

Evoquant la réforme des régimes spéciaux réalisée au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, Mme Moreau a ajouté que “la réalité des effets de la réforme de 2008, c’est que les âges qui sont indiqués sont de plus en plus théoriques”. L’âge de départ légal pour certains salariés des régimes spéciaux, à compter seulement de 2024, reste plus précoce que la moyenne : 52 ans pour les agents de conduite de la SNCF ou 57 ans pour les catégories “actives” ou “insalubres” d’EDF par exemple.

Justifiant le fait que le rapport ne s’attarde pas sur la retraite de ces régimes spéciaux, Mme Moreau a estimé que, “si vous chargez trop un bateau, il coule”. Selon elle, ces sujets ne sont pas “tabous”, mais “il n’y a pas de raison de tout traiter en un rapport”.

Les points principaux du rapport Moreau

Pour assurer le retour à l’équilibre financier

  • Allonger la durée de cotisation : la Commission pour l’avenir des retraites préconise d’augmenter “rapidement” la durée de cotisation à 43 ans pour la génération née en 1962, puis à 44 ans pour les personnes nées en 1966, contre une durée maximale de 41,5 ans actuellement. Ce dispositif procurerait un gain de 600 millions d’euros en 2020. Une seconde hypothèse consiste à adopter un rythme “moins rapide”, en allongeant la durée d’un trimestre toutes les deux générations jusqu’à la porter à 42,25 ans pour celles nées en 1961 et 1962. Gain attendu : 200 millions d’euros en 2020.
  • Augmenter les cotisations : le rapport évoque également une augmentation des cotisations d’assurance-vieillesse de 0,1 point par an pendant 4 ans au-delà d’un certain plafond de salaire, répartie à parts égales entre salariés et employeurs. Cette hausse permettrait de dégager 2,6 milliards d’euros.
  • Mettre à contribution les retraités, en alignant le taux de la contribution sociale généralisée (CSG) des retraités, qui est de 6,6%, sur celui des actifs (7,5%), ainsi que réviser certains de leurs avantages fiscaux La hausse de la CSG permettrait un gain “pérenne” estimé à 2 milliards d’euros à l’horizon 2020, selon ce rapport, qui propose également une sous-indexation “exceptionnelle” des pensions pendant 3 ans comme cela a été décidé pour les régimes complémentaires Agirc-Arrco.
  • Diminuer l’abattement fiscal automatique de 10% (à 7%, 5% ou 3%) rapporterait entre 1,1 et 2,7 milliards d’euros.
  • Fiscaliser les majorations de pensions pour les parents de 3 enfants et plus rapporterait environ 900 millions.
  • Instaurer un nouveau mode de calcul pour les fonctionnaires, “en le faisant progressivement reposer sur une période (de calcul) plus longue que six mois” et en intégrant une partie des primes.
  • Gérer une trajectoire d’équilibre à long terme, “en poursuivant au-delà de 2012 l’allongement de la durée de cotisation”.

Pour améliorer le fonctionnement du système et son équité

  • Remédier aux inégalités dans l’accès aux droits : la Commission envisage des mesures visant à mieux prendre en compte les carrières heurtées, notamment celles des jeunes en cours d’insertion sur le marché du travail (améliorer les droits des apprentis, faciliter l’ouverture de droits pour les stagiaires ou encore permettre la validation de trimestres pour les chômeurs qui effectuent un stage de formation professionnelle rémunéré par l’Etat ou les régions).
  • Créer un compte individuel de pénibilité pour aménager les carrières des personnes exposées à des conditions de travail pénibles et, “en dernier recours”, permettre “le rachat de trimestres” afin de partir plus tôt à la retraite. Par exemple, 10 trimestres d’exposition à des facteurs de pénibilité déclencheraient le droit à un trimestre de congé formation. Et 30 trimestres d’exposition permettraient le rachat d’un trimestre au titre de la retraite.
  • Moderniser les avantages familiaux (majoration de la durée d’assurance accordée au titre de l’accouchement et de l’éducation, etc.), “qui privilégient les pensions élevées et les femmes inactives”, via “une refonte globale” ou “des ajustements”.
  • Instaurer un pilotage économique et social annuel, afin de “gérer, de façon anticipée et réactive les aléas de la croissance et de la démographie” pour “éviter que les réformes ne se fassent dans un contexte de crise et d’urgence”.
  • Améliorer l’information et simplifier les démarches des assurés par la création d’un “guichet unique”, concrétisé notamment par un compte individuel de retraite en ligne.

 

Offres d’emploi en lien avec l’article

VILLE DE TAVERNY

TECHNICIEN BÂTIMENT - Spécialité fluides (H/F)

Titulaire, Contractuel | 19/04/2024 | VILLE DE TAVERNY

VILLE DE TAVERNY

TECHNICIEN BÂTIMENT - Spécialité sécurité (H/F)

Titulaire, Contractuel | 19/04/2024 | VILLE DE TAVERNY

CC DU PAYS DE L'AIGLE

Chargé(e) de développement économique F/H

Titulaire, Contractuel | 19/04/2024 | CC DU PAYS DE L'AIGLE

CC DU PAYS DE L'AIGLE

Chef(fe) de service Cycle de l’eau F/H

Titulaire, Contractuel | 19/04/2024 | CC DU PAYS DE L'AIGLE

Les informations à caractère personnel recueillies font l’objet d’un traitement par Emploipublic.fr du Groupe Moniteur RCS Nanterre B 403 080 823. Elles sont nécessaires entre autres, à la création de votre compte et sont enregistrées dans nos fichiers. Groupe Moniteur ou toutes sociétés du groupe Infopro Digital pourront utiliser ces fichiers afin de vous proposer des produits et/ou services analogues. Pour exercer vos droits, vous y opposer ou pour en savoir plus : Charte des données personnelles.

Dossier du mois

CA COTENTIN

CA DU COTENTIN

DÉPOSEZ VOTRE CV et rejoignez la première CVthèque de l’emploi public !

J'ajoute mon cv Pas encore de cv ?

Les concours en lien avec l’article