Les psychologues hospitaliers dénoncent la réforme de leur concours
Le Centre hospitalier de l'Ouest guyanais sera le premier{C}{C}, à partir du 15 février 2011, à organiser un concours de psychologue hospitalier nouvelle manière (voir l’annonce du concours), selon les règles édictées par un décret publié en novembre. Ce décret réformant l’organisation de leur concours a porté un nouveau coup au moral des psychologues hospitaliers. Après la circulaire du 4 mai 2010 qui remet en question l’égalité de traitement et de fonction contractuels-titulaires (lire notre article La colère des psychologues hospitaliers contractuels, privés de fonction FIR) et le décret 2010-534 qui impose aux psychologues un cursus pré-requis pour l’inscription sur les listes de psychothérapeutes (*), ce texte est mal accueilli par la profession. Pourtant, les recruteurs hospitaliers saluent un mode d’organisation "plus souple" qui permettra de réduire la proportion de contractuels dans la profession. Organisé par les établissements Désormais, l’organisation du concours de psychologue hospitalier sera locale ou départementale et confiée aux établissements recruteurs. "Jusqu’à présent, le concours sur titre était confié au préfet de région et organisé par la DRASS" décrit un représentant de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). Avec la disparition de ces dernières au sein des Agences régionales de santé (ARS), une adaptation des textes s’imposait. "Son organisation est désormais confiée au directeur de l’établissement ouvrant le concours avec la possibilité de la mutualiser pour plusieurs établissements d’un même département. Dans ce cas, elle est confiée au directeur de l’établissement le plus important en nombre de lits." La titularisation facilitée ? Pour Stéphane Jacob, directeur des ressources humaines du CHRU de Lille, cette nouvelle organisation devrait satisfaire la profession : "Ce nouveau texte va dans le bon sens car il introduit une vraie souplesse d’organisation. Jusqu’à présent, certaines directions pouvaient avoir des réticences à publier les postes lorsqu’ils étaient déjà occupés par des contractuels pour éviter les situations dans lesquels le contractuel n’était pas retenu, en tout cas pas sur ce poste. Avec cette nouvelle organisation, on peut s’attendre à un plus grand dynamisme des titularisations". Les contractuels représentent aujourd’hui 50 % des emplois de psychologues dans la fonction publique hospitalière. "Le seul aspect positif de ce texte est que l’on peut espérer une titularisation d’une partie des contractuels qui sont aujourd’hui employés à plein temps - et donc de façon illégale, remarque Marie-Odile Rucine, membre de la commission FPH du Syndicat national des psychologues (SNP). Cependant, de nombreuses directions n’ont toujours pas les moyens financiers de rémunérer ces postes sur la grille des titulaires. En conséquence, elles continuent à recruter des contractuels à temps complet ou non complet au lieu de mettre leurs postes à la mutation ou au concours" souligne-t-elle. Un risque de cooptation Pour le SNP, ce texte a surtout été l’occasion de prendre en compte les desiderata des directeurs d’hôpitaux, au lieu de conserver une organisation régionale. "Avec une organisation locale et un jury de concours réduit de 7 à 3 membres, parmi lesquels se trouveront le directeur de l’établissement, un psychologue et un médecin praticien hospitalier de l’établissement ou du département, cette réforme correspond ni plus ni moins à un recrutement par cooptation, de longue date réclamée par les chefs de pôle ou de service à leur direction, explique Marie-Odile Rucine. Cette nouvelle formule ne correspond plus du tout à notre statut". Le cas des temps partiels La circulaire du 4 mai 2010 incite les directions à regrouper les temps non complets dans ou entre établissements pour former des pleins temps titularisables. La loi du 3 août 2009 a également introduit la possibilité de créer des postes de titulaires à mi-temps dans la fonction publique hospitalière, comme c’est déjà le cas dans la territoriale, mais sur ce point, le décret d’application n’est pas publié. Pour la représentante du SNP, "on est clairement en train d’harmoniser par le bas les statuts des trois fonctions publiques". Caroline Guignot (*) Ce décret a fait l’objet d’un recours contentieux pour excès de pouvoir auprès du Conseil d'Etat le 7 juillet 2010. Il a été déposé par la plupart des organisations représentatives de la profession de psychologue. (retour au texte) Crédit photo : APHP-Brousse/Phanie