Dans une
lettre ouverte en date du 20 mars 2012, le Syndicat national unitaire collectivités locales-Intérieur-Affaires sociales (SNUCLIAS-FSU), qui regroupe en majorité des travailleurs sociaux (assistants de service social, conseillers en économie sociale et familiale et éducateurs de jeunes enfants) des collectivités territoriales,
interpelle les candidats à l’élection présidentielle sur la question de l’impact des politiques sociales, tant sur le public que sur les travailleurs sociaux eux-mêmes.Il dénonce une
"précarisation massive des classes populaires" et estime ne plus pouvoir remplir du fait du "désengagement de l’Etat", sa mission. "Dans le même temps, est favorisé, de manière substitutive, le recours au secteur caritatif, ou la mise en place de dispositifs non pérennes animés par des salariés peu ou pas diplômés travaillant dans des conditions non statutaires", ajoute-t-il.Détaillant leurs conditions de travail,
les travailleurs sociaux regrettent d’être contraints d’appliquer des dispositifs qui "vont à l’encontre de leur déontologie", comme de se servir de logiciels qui ne garantissent pas la protection des informations collectées.Ils déplorent que des enfants "aient été placés à l’ASE du seul fait que leurs parents ne pouvaient plus payer un loyer" et sans rapport avec une suspicion de maltraitance.
"Est-ce que le métier d’assistante sociale est d’apprendre à une famille à vivre du Revenu de solidarité active (RSA) ?", demande Didier Bourgoin, secrétaire général du SNUCLIAS-FSU.Par ailleurs, ils regrettent d’"avoir du mal, par manque de temps, à accueillir correctement les stagiaires dans leur service, à leur transmettre leurs pratiques professionnelles. Stagiaires qui sont pourtant les professionnels de demain".Le SNUCLIAS-FSU souligne que
la précarisation de la société n’épargne pas les travailleurs sociaux. "Nous avons connaissance d’agents administratifs des services sociaux, travaillant à temps partiel, qui sont éligibles au RSA", explique ainsi Didier Bourgoin. "Des professionnels précaires sont chargés d’accueillir un public toujours plus précaire", résume-t-il.Pour l’ensemble de ces raisons, le SNUCLIAS-FSU se prononce pour
"un travail social qui dispose des moyens d’accompagner les publics des services sociaux" et un "travail social respecté".À cette fin,
ils demandent "le passage des travailleurs sociaux (en cours d’étude depuis plusieurs mois à la Direction générale des collectivités locales (DGCL))
en catégorie A".
Sophie Le Gall