Avec l'accroissement des contraintes financières et la hausse des départs en retraite, la fonction publique réorganise ses services et fait évoluer sa politique de ressources humaines. Les mobilités contraintes ou initiées par l’agent deviennent plus fréquentes. De nouveaux outils se mettent en place.
Dans la fonction publique de l’Etat, des conseillers mobilité ont été déployés depuis quelques années dans certains ministères, et depuis fin 2009, au sein de plates-formes RH interministérielles en région. Le déploiement rapide de ces compétences a permis de constater différentes situations dans les administrations. Dans certains cas, les besoins sont centrés sur la gestion de carrière dans l'urgence ou à plus long terme ; dans d'autres, comme au ministère de la Défense, il s'agit d'envisager de manière globale la restructuration des activités ; enfin, dans un troisième cas de figure, tous les sujets liés à la mobilité (entretiens professionnels, gestion prévisionnelle, politique des seniors, etc.) doivent être pris en main.Au ministère de l'Intérieur, « la moitié des agents, surtout ceux issus des catégories B et C, souhaite un changement rapide, et l'autre moitié, notamment ceux en début de carrière ou qui cherchent des postes à responsabilité, réfléchit à plus long terme », rapporte Claire Lavoué-Desdevises, chef de la mission projet professionnel de ce ministère.
Dans les collectivités, la question est aussi devenue d'importance ces dernières années. « Il y a, pour les DRH, des gros enjeux de mobilité interne, avec des encadrants qui voient la mobilité de leurs agents comme négative. Il faut leur faire comprendre qu'il y a des intérêts à changer de poste », explique Agnès Lucas-Reiner, directrice de l'emploi et des carrières au Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT).Les collectivités attirent, notamment les personnels de la fonction publique de l’Etat, et ont parfois des difficultés à trouver des compétences dans certains domaines. « La territoriale donne une image dynamique dans sa manière de fonctionner, et certains agents sont intéressés pour se mettre au service du public », indique Marie-Claude Vieron, chargée de mission fonction publique territoriale à la Mission de facilitation de l'accueil dans les fonctions publiques (MFAFP).
Dans la fonction publique hospitalière, la mobilité est moindre. S'il est plus difficile de migrer vers une autre fonction publique - 70 % des agents étant des soignants - « les mouvements interhospitaliers sont également extrêmement faibles », a constaté Marc Dumon, délégué régional en Provence-Alpes-Côte-d'Azur de l'Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier (ANFH).Les directeurs d’hôpital constituent un cas particulier, leur statut liant certaines progressions de carrière à des mobilités (fonctionnelle ou géographique). Ces mobilités se font traditionnellement au sein de l’hospitalière, mais pourraient aussi être l’occasion d’un « aller-retour dans une autre fonction publique », note Danielle Toupillier, directrice générale du Centre national de gestion des praticiens hospitaliers et des personnels de direction de la fonction publique hospitalière (CNG). En 2010, environ 10 % des directeurs d’hôpital sont en position de détachement. Seuls 2 % des praticiens hospitaliers sont dans ce cas.« Les soignants sont plus mobiles que les personnels administratifs », note par ailleurs Luce Legendre, directeur adjoint chargé des ressources humaines au Centre hospitalier de Mantes-la-Jolie. Et les jeunes générations seraient plus mobiles, selon Marc Dumon de l’ANFH Paca. Les infirmières ont aussi la chance de pouvoir faire jouer la concurrence entre établissements en raison de la pénurie de professionnels dans ce domaine.Raphaël Richard et Marie Bidault
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Rencontres d'actualité sur la mobilité organisées en 2010 par Emploipublic.fr.