L’emploi public français soutient la comparaison internationale
Comment l’emploi public français se situe-t-il dans une comparaison internationale ? Tout dépend de la définition de l’emploi public. Si, comme le Centre d’analyse stratégique (CAS) dans un Tableau de bord (pdf) rendu public le 8 février 2011, on s’en tient à une définition économique, "le niveau d’emploi dans les administrations [en France] apparaît dans une moyenne haute", "assez proche des niveaux du Royaume-Uni et du Canada, et sensiblement en deçà de ceux d’Europe du Nord", comme le résume le directeur général du CAS, Vincent Chriqui.La France dans une "moyenne haute"
La définition économique consiste à tenir compte de tous les emplois financés par l’impôt quelle que soit la nature juridique du contrat, ce qui permet des comparaisons malgré l’hétérogénéité des services publics des différents pays. Dans ce cadre, la France compte 90 emplois publics pour 1 000 habitants, là où ils sont 40 pour 1 000 au Japon, et 160 pour 1 000 au Danemark et en Norvège."La construction de repères conduit en définitive à ne pas exagérer le surdimensionnement de l’Etat" estiment les experts du CAS, qui concluent, chiffres à l’appui, que "la situation hexagonale n’est ni extrême, ni irréformable, et encore moins figée".Un fonctionnement pas si coûteuxCertes, l’emploi public français compte plus d’emplois dans les services généraux (notamment administratifs…) que beaucoup de pays de l’OCDE, mais la France recourt moins à la sous-traitance que le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Canada ou les Etats-Unis . "Dès lors, la prise en compte des dépenses de sous-traitance […] relativise la position française. Rapportée au PIB, les dépenses de fonctionnement de l’administration en France représente, en 2008, 17,6 % contre 19,1 % aux Etats-Unis, 20,5 % au Canada et 23,3 % au Royaume-Uni."Des réformes en coursPar ailleurs, la "réforme de l’Etat" a bel et bien commencé en France. Le Tableau de bord de l’emploi public du CAS montre une "vraie baisse de l’emploi dans les ministères" depuis 2006, avec une baisse des effectifs de 16,5 % - 11 points correspondant à des redéploiements, et plus de 5 points à une diminution réelle de l’emploi.Cette baisse globale s’est accompagnée d’une "profonde recomposition de l’emploi" (augmentation de la proportion des cadres de catégorie A au détriment des emplois d’exécution de catégorie C, taux de remplacement des départs différents selon les ministères…).Et le fait que de nombreux emplois aient en fait été transférés vers des opérateurs ou les collectivités territoriales n’est pas une spécificité française, "d’autres pays de l’OCDE, couramment montrés en exemple pour leur réforme de l’Etat, tel le Canada, n’ont pas procédé autrement", souligne Vincent Chriqui.Des outils à développer"Face à la coexistence de pénuries et de sureffectifs, l’activation d’outils favorisant la mobilité externe entre ministères et niveaux d’administration est primordiale", explique Vincent Chriqui.L’étude souligne que "les travaux prospectifs menés dans le cadre de la Gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences (GPEEC) restent segmentés [par ministère]", avant de souhaiter l’établissement d’un "document intégrant les différents ministères et niveaux d’administration" (notamment les collectivités), afin de mettre en évidence les "possibilités de redéploiement"."La mobilité interministérielle ou structurelle reste, en France, un évènement très rare dans la fonction publique" rappellent ses auteurs. Parmi les fonctionnaires de l'Etat, seuls 3 pour 1 000 ont changé de ministère en 2008.M. B.Plus d’informations :
Site du Centre d'analyse stratégique
• "Tableau de bord de l’emploi public : situation de la France et comparaisons internationales" (2010) : la synthèse ou le document complet.
• Note de synthèse 214 - Tendance de l’emploi public : où en est-on ? (février 2011)Crédit photo : © Phovoir