L’EHESP en plein bouleversement

La Rédaction • mis à jour le
DOSSIER : L'EHESP, l'INET ou l'ENA, trois grandes écoles pour les décideurs de la fonction publique

La loi "Hôpital, patient, santé et territoire" (HPST) du 21 juillet 2009 a voulu faire du chef d’établissement "le seul patron à l’hôpital", selon l’expression de Nicolas Sarkozy. Le directeur aura donc davantage de responsabilités, mais aussi un rôle supplémentaire, celui d’organisateur des réseaux de santé d’un secteur (médecine générale, maisons de retraite, secteur médico-social, etc.).

En outre, "la réduction des effectifs va recentrer le métier sur la stratégie et le management", prédit Philippe Marin. Des directions seront regroupées, et la gestion opérationnelle devrait être plus souvent confiée aux attachés d’administration, notamment dans des domaines techniques (qualité, système d’information…), tandis que de nouvelles responsabilités émergent autour des pôles d’activité.

La loi HPST a ouvert la possibilité de recruter des chefs d’établissement par voie contractuelle, issus d’autres corps (ENA par exemple) ou du secteur privé. Le texte prévoit l’obligation de suivre une formation dispensée à l’EHESP ou "dans tout autre organisme adapté", "au détriment de l’acquisition d’une culture commune", pointent les anciens de l’école rennaise, qui craignent une ouverture "sans limite" et une formation insuffisante.

L’arrêté prévoyant le déroulé de la formation devrait être publié dans les prochains mois.

Une école en crise

Parallèlement, en application de la loi de santé publique du 9 août 2004, l’Ecole nationale de santé publique est devenue en 2008 l’EHESP, au statut universitaire d’établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel.

A ce titre, elle a développé des formations diplômantes et des activités de recherche, tout en continuant à former des élèves fonctionnaires entrés sur concours (dont les directeurs d’hôpitaux et d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux).

L’EHESP délivre désormais deux types d’enseignement, professionnel et universitaire, qu’elle cherche à articuler. Ainsi, les doubles cursus sont facilités. "Sept élèves DH de la promotion en cours se sont ainsi engagés dans une thèse ou un master", précise Philippe Marin.

Cette universitarisation est très critiquée, notamment par les anciens élèves DH. Le rapport Bilan perspective de l’EHESP, publié par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) le 8 juillet 2011, note que ces oppositions au projet initial ont conduit à "la constitution d’un projet hybride, ni vraiment établissement universitaire, ni vraiment école de service public, aux règles de gouvernance floues". De fait, l’EHESP traverse depuis 2011 une profonde crise de pilotage.

Le rapport de l’Igas alimente la polémique en proposant des réponses – réorganisation de la formation initiale, remise en cause du mode d’accès par concours – contestées par l’Association des directeurs d’hôpital (ADH) et la Fédération hospitalière de France (FHF), qui estiment que "ce sont d’abord des managers qui doivent être formés par l’école".

Pour Frédéric Varnier, directeur d’hôpital détaché auprès de l’Inspection générale des finances, qui a réalisé un rapport pour le compte de l’ADH et de la FHF sur l’avenir de la formation des DH, "le double cursus ne doit pas être rendu obligatoire. L’EHESP a vocation à former des généralistes, à l’instar des autres grandes écoles de la fonction publique, alors que les masters constituent une formation spécialisée".

Pour lui, si la question de l’universitarisation se pose à l’EHESP, et non à l’ENA et l’INET, c’est sans doute parce que le métier de directeur d’hôpital "a vocation à exercer dans des structures au sein desquelles d’importantes catégories professionnelles (corps médical, infirmières…) sont formées à l’université".

Frédéric Varnier résume ainsi ses réflexions sur l’évolution nécessaire de la formation initiale, tout en plaidant pour le développement d’actions de formation continue :

"Le débat sur la formation correspond à un débat sur le métier, en mutation. Outre l’éternelle question du mouvement de balancier entre étatisation et autonomie de la gestion hospitalière, reflétant la question du positionnement du directeur d’hôpital dans le système de santé (administrateur ou gestionnaire), d’autres problématiques me semblent tout aussi structurantes.

Une culture commune de service public est un préalable essentiel, et s’appuie notamment sur le concours, garant d’un système républicain égalitaire qui a fait ses preuves.

La modernisation du management des structures hospitalières, le décloisonnement du système de santé, le contexte national d’une fragilité extrême (crise financière, dialogue social…) et la judiciarisation de l’exercice professionnel convergent pour axer davantage la formation initiale sur les fonctions de décision, de management et de pilotage stratégique.

Nous plaidons pour un repositionnement du cursus autour de quatre pôles de compétences lisibles : techniques de management, fondamentaux de gestion publique, "outil de production" (comment fonctionne un hôpital ?), enjeux de santé publique.

"Deux autres transformations sont en cours de réflexion :

  • l’éventuelle création d’un troisième concours pour la filière directeur d’hôpital
  • la fusion du corps des directeurs d’hôpital avec celle des directeurs d’établissements sanitaires, sociaux et médicaux, à laquelle la majorité des DH sont opposés, selon un sondage réalisé par l’ADH réalisé en avril-mai 2012 et rendu public le 24 mai.

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