Grandes manœuvres à l'AP-HP

Pour la première fois de son histoire, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) prévoit une diminution de ses effectifs en 2009, par non remplacement de certains départs. Pour autant, elle continue à recruter plus de 5 000 professionnels cette année, dans un contexte de réorganisation de ses services et de rapprochements entre ses 37 hôpitaux ou groupes hospitaliers, afin de ne plus constituer que 12 groupes hospitaliers. Le conseil d'administration de l'AP-HP a adopté, le 27 mars, son état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD), prévoyant la suppression de 700 équivalents temps plein (ETP) en 2009, sur un effectif total de 70 000 ETP. Quelques jours auparavant, le Comité technique central d'établissement avait rejeté cet EPRD. Les représentants des personnels (CFDT - CFE-CGC - CFTC - FO - SUD SANTE - USAP - CGT) dénoncent un document « basé sur le seul critère de rentabilité et l'objectif comptable de réduction des coûts ». « Si l'on ne faisait rien en 2009, on allait vers un déficit de 229 millions d'euros à la fin de l'année » [sur un budget global de 6,4 milliards d'euros], a expliqué Benoît Leclercq, le directeur général de l'AP-HP, le 1^er avril 2009, devant l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis). Principale cause, pour Benoît Leclercq, de ce déficit potentiellement onze fois plus important que celui constaté cette année : la politique de convergence entre hôpitaux publics selon laquelle l'AP-HP, jusque-là proportionnellement mieux dotée que la moyenne des établissements français, doit avoir progressivement rejoint cette moyenne en 2012. Dans le cadre de la tarification à l'activité (T2A), l'AP-HP percevra alors, pour chaque acte, le même tarif que tous les autres hôpitaux publics. En 2009, la suppression des 700 ETP devrait permettre une économie de 60 millions d'euros [d'autres décisions prises visent à augmenter l'activité (donc les recettes) du CHU, à améliorer l'efficience de tous les services, etc.]. Chaque année, environ 6 000 personnes quittent l'AP-HP (mutations, départs à la retraite...). Plus de 5 000 recrutements devraient donc avoir lieu en 2009. Quant aux suppressions de postes, concrètement, elles devraient concerner à la fois des emplois permanents (360 ETP), et des emplois de remplacement (340 ETP). Les fonctions « support » (administratives, logistiques, transport) vont être concernées et le siège devrait perdre, à lui seul, 100 équivalents temps plein. Pour le personnel soignant, les chiffres se compliquent : l'AP-HP va en effet supprimer 420 ETP d'agents de service hospitalier (ASH) et d'aides-soignants, mais augmenter le nombre d'infirmières embauchées de 250 ETP. De même, elle a prévu d'augmenter de 50 ETP le nombre de ses médecins. Selon la direction générale, les suppressions de postes sont rendues possibles par les nouvelles synergies qui naîtront de la réorganisation de l'AP-HP, avec notamment « un siège modernisé, recentré sur les fonctions stratégiques de contrôle et de pilotage, et une recomposition de l'offre de soins grâce à la création de 12 groupes hospitaliers cohérents proposant chacun ce qu'un CHR offre à sa population en province », détaille Benoît Leclercq. Aucun hôpital ne disparaîtra, mais certains services seront regroupés. L'AP-HP envisage-t-elle, par ailleurs, des coopérations avec d'autres établissements comme le prévoit la loi « Hôpital, patients, santé et territoires » actuellement en cours d'examen parlementaire ? « Je place mes troupes sur le terrain », répond Benoît Leclercq... pour être en position de force dans les futures négociations... « Cette réorganisation est indispensable, car sinon nous n'aurions réalisé des économies qu'à la marge et nous aurions dégradé la qualité de la prise en charge », souligne la directrice des ressources humaines, Monique Ricomes, avant de préciser « la réorganisation des activités support va permettre de remettre des personnels auprès des malades ». Les profils les plus recherchés par l'AP-HP, qualifiés de "métiers sensibles" par la DRH :

• les manipulateurs radio

• les kinésithérapeutes

• les infirmiers diplômés d'Etat 

• les infirmiers de bloc opératoire

Dans toutes ces professions, l'AP-HP recrute en 2009 et développe des politiques de fidélisation de ses personnels, proposant par exemple des allocations d'études aux futurs manipulateurs radio qui rejoindraient ses rangs. M.B.

Les chiffres clés de l'AP-HP

• 37 hôpitaux ou groupes hospitaliers

• 720 services médicaux

• 72 120 professionnels non médicaux (correspondant à 69 400 équivalents temps plein (ETP))

• 20 000 médecins.

Pour aller plus loin : Intervention du président de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP, le 27 mars 2009, concernant l'EPRD pour 2009.   Photo : © Rajau/PHANIE

Retour au sommaire