Le chantier de la professionnalisation des concours se poursuit. Dernier en date, celui des chefs de service éducatif (CSE) de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), dont les modalités ont été modifiées par un
arrêté du 20 septembre 2010.
Nouvelles épreuves. Premier changement : l'introduction d'une épreuve écrite d'admissibilité de quatre heures, “centrée sur l'analyse d'une pratique professionnelle afin de s'assurer que les candidats disposent du minimum des compétences requises, précise Yves Rousset, sous-directeur des ressources humaines et des relations sociales à la
PJJ. C'est une sorte de mise en situation professionnelle”. Autre nouveauté : une épreuve orale d'admission, en vue de laquelle le candidat doit préparer un dossier de RAEP (reconnaissance des acquis de l'expérience professionnelle).Auparavant, le concours reposait sur un mémoire d'une vingtaine de pages consacré à une pratique éducative, et sa présentation devant un jury. L'une des critiques adressées à cette méthode était le manque de contrôle sur la préparation du mémoire. “Il pouvait y avoir une forme de dévoiement, estime Laurent Hervé, secrétaire général de l'
UNSA-SPJJ (syndicat des personnels de la PJJ). La nouvelle épreuve d’admissibilité [sur table] rétablit l'équité entre les candidats”.
Nouvelle fonction. Mais pour le
SNPES-PJJ (Syndicat national des personnels de l'éducation et du social), cette réforme remet en cause le “débouché naturel” en catégorie A que constituait ce concours pour les éducateurs de la PJJ relevant de la catégorie B. Pas tant en raison des épreuves que d'une phrase de l'article 4 de l'arrêté détaillant les modalités de l'épreuve orale (“le candidat pourra faire reconnaître son aptitude à encadrer et à animer une équipe”). “C’est un moyen de sélectionner les futurs responsables d'unité éducative [RUE]”, s’insurge Eric Corsin, du SNPES-PJJ, selon qui “ce nouveau métier correspond à une fonction de direction et doit donc être assuré par un directeur”.“Responsable d’unité éducative” (RUE) est une fonction de cadre intermédiaire mise en place officiellement par une circulaire de février 2010, entérinant les postes de CSE fonctionnels, c'est-à-dire comprenant une part d’encadrement et d’animation d’équipe. “Jusqu'à présent, les CSE fonctionnels pouvaient exercer des tâches d'encadrement sans que cela soit dûment repéré, précise Yves Rousset. Cette pratique a été modifiée avec l'institution de RUE, qui constitue le premier niveau d'encadrement hiérarchique et qui est accessible à trois statuts : CSE, professeur technique et conseilleur technique de service social. Si un éducateur souhaite devenir cadre et en a les aptitudes, il nous paraît plutôt intelligent de le valoriser”, explique le sous-directeur en charge des ressources humaines.
Groupe de travail. Selon le SNPES-PJJ, cette nouvelle fonction devrait être assurée par un directeur. Le SPJJ, lui, a une position un peu différente : “Nous souhaitons une véritable révision du statut de CSE pour que soit créé un véritable corps de cadres intermédiaires, indique Laurent Hervé. Il nous semble également intéressant de pouvoir ouvrir le statut de CSE aux professions sociales et médicosociales.”Un groupe de travail, demandé par le SPJJ, devrait commencer à se réunir début novembre 2010 sur cette question.
Emmanuelle ChaudieuPhoto : © Burger/Phanie