Autonomes, les universités doivent apprendre à gérer leur masse salariale
Pour la troisième année consécutive, le comité de suivi de la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (loi LRU, août 2007) a remis fin janvier 2011 son rapport destiné à évaluer et mettre en exergue les points de fragilitéliés à la mise en œuvre de la réforme. Cette année, le comité s’est notamment penché sur le fonctionnement des universités et leurs relations avec l’Etat. Il s’est aussi intéressé à la montée en charge des "responsabilités et compétences élargies" (RCE), qui impacte largement les "fonctions supports" comme la gestion des ressources humaines. "Depuis qu’elle leur a été transférée par la loi de 2007, la masse salariale représente les deux tiers du budget des universités, résume le professeur Françoise Bevalot, présidente par intérim du comité de suivi. Il faut développer une vision prospective de la gestion de ces ressources, en accompagnant ce changement par une formation adaptée des personnels encadrants et des élus impliqués dans cette gestion". Si des formations existent déjà, elles mériteraient de s’appuyer plus fortement sur celles de haut niveau, justement disponibles dans les universités. Cette professionnalisation est cruciale, car les problématiques sont complexes. L’une d’elle se détache particulièrement : le financement du glissement-vieillesse-technicité (GVT) des personnels. Avec les RCE, l’impact financier des évolutions de la masse salariale incombe directement aux universités. Elles doivent donc ajuster au mieux leur gestion prévisionnelle des ressources humaines. Problème : elles n’ont pas la main sur l’ensemble du dispositif. "Le départ en retraite d’un enseignant-chercheur découle d’une décision personnelle, la promotion des Biatoss (1) dépend du niveau national… cela explique entre autres pourquoi toutes les universités ne tirent pas profit de l'acquisition des RCE et ne dégagent pas les marges de manœuvre attendues", explique Françoise Bevalot. Sur la base de ces limitations, et parce qu'elles ne disposent ni de possibilités de mutualisation avec d’autres, ni de compléments de ressources propres, "on peut se demander comment [les universités] s’y prendront pour participer à ce mouvement qui nécessite temps, moyens humains et financiers", questionne le comité dans ses conclusions. "Une des questions que nous posons est de savoir si tous les risques potentiels de l’après-RCE ont été évalués, et comment ils seront prévenus s’ils existent", conclut Françoise Bévalot en ajoutant : "Il faut maintenant voir s’il n’y a pas un risque à long terme pour l’attractivité de certaines universités". Note - 1) Biatoss : " Bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, ouvriers, personnels sociaux et de santé", soit le personnel non enseignant des universités. Caroline Guignot Plus d'informations sur EmploiPublic - Régions : Lire notre article Lille – Gérer les RH : un nouveau défi pour les universités, février 2011. Crédit photo : © APHP-PSL-Garo/Phanie