Après l’INET : témoignages d’anciens élèves administrateurs

Anne-Laure David, 33 ans

DGA ressources et pilotage à la ville et la communauté d'agglomération de Pau (INET promotion 2007-2008)

"Notre valeur ajoutée : la mise en perspective"

"Après avoir travaillé à accompagner les projets des collectivités en tant qu'attachée d'administration centrale pendant six ans à la Caisse des dépôts, j'ai souhaité intégrer la fonction publique territoriale. Je voulais passer au portage direct des projets, en particulier dans les villes où la mise en place des politiques publiques, la politique d'investissements se voient immédiatement.

J'ai apprécié le côté pratique de la formation à l'INET, les stages ainsi que les échanges nombreux avec des administrateurs territoriaux en poste. A l'école, certains trouvaient frustrant de ne pas entrer davantage dans la technicité des politiques publiques. Mais avec le recul, je m'aperçois aujourd'hui que ces compétences s'acquièrent très vite sur le terrain, alors que nous sommes plus attendus sur une vision stratégique.

Un poste de DGA - trouvé grâce à mon réseau professionnel, comme de nombreux collègues de promotion - c'est beaucoup de responsabilités quand on sort de l'école, mais c'est là que notre valeur ajoutée de mise en perspective, de management est la plus intéressante. Mon rôle consiste à animer une équipede directeurs compétents sur les questions techniques, plus qu'à intervenir sur les dossiers."

Nicolas Proust, 27 ans

directeur adjoint de l'insertion et de l'habitat au conseil général de Seine-et-Marne (INET, promotion 2007-2008)

"Participer à la montée en compétence des collectivités"

"Je suis entré à l'INET, après avoir passé également l'ENA, avec l'idée de travailler dans un domaine économique ou social lié à l'emploi. Or aujourd'hui, la plupart de ces compétences sont dans les collectivités territoriales. Mon premier poste se situe pleinement dans ces problématiques. J'y apporte un profil différent et complémentaire des autres cadres, souvent issus des métiers du social, un profil plus généraliste dans un secteur qui a besoin de plus en plus de pilotage.

Cela dit, je n'ai pas forcément l'intention de me spécialiser. Certains anciens élèves font ce choix, notamment dans les services financiers qui sont un tremplin vers les directions générales. Mais l'école nous apprend avant tout à ne pas nous enfermer dans tel ou tel profil : notre métier consiste à synthétiser des enjeux et des informations d'experts pour aider les élus à prendre leurs décisions, il participe à la montée en compétence des élus et des collectivités.

Le défi pour l'INET, qui valorise beaucoup les domaines des finances et des ressources humaines, c'est d'arriver à placer davantage de cadres sur des postes de mise en œuvre des politiques publiques et de promouvoir la fluidité des parcours des administrateurs territoriaux entre les différentes fonctions publiques."

Gérard Ruelle

DGA au conseil régional de Champagne-Ardennes membre du bureau du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales

"Rester humble vis-à-vis des élus"

"Les attachés territoriaux constituent le gros du vivier de recrutement des directeurs généraux des petites et moyennes collectivités. Celles de plus grosse taille font souvent appel à d'anciens élèves de l'ENA ou de l'INET pour les postes à responsabilité (DGA et DGS), même si la promotion interne permet aussi aux directeurs d'accéder à ces fonctions.

Il y a aujourd'hui une grande lacune dans la formation des attachés et administrateurs territoriaux : on ne les met pas assez en garde sur le doigté dont ils devront faire preuve dans leurs relations avec les élus. Ces fonctions supposent beaucoup de souplesse d'échine, il faut savoir décoder les messages que nous envoient les politiques et ceux que notre attitude peut aussi leur transmettre.

Surtout, il faut rester humble vis-à-vis des élus, qui n'ont pas le même niveau de compétences. Les élèves sortent souvent de l'INET avec en tête qu'ils sont les meilleurs, les plus compétents, ce qui peut les conduire à des situations relationnelles très compliquées."

Propos recueillis en novembre 2009