Si les jeunes ne se précipitent pas vers la fonction publique, notamment dans les métiers liés aux espaces verts, c’est souvent par méconnaissance. Qui sait que la ville de Paris est le plus important employeur de bûcherons en France ? La capitale la plus boisée d’Europe gère un patrimoine arboré d’environ 500 000 arbres, dont 300 000 dans les deux bois parisiens. Chaque année, la mairie prévoie le remplacement de 1500 arbres des rues. Ce sont donc en tout près de 3000 arbres issus des pépinières municipales qui sont plantés chaque année dans les rues et les espaces verts.
Les agents techniques ne font pas que planter, couper, désherber, il leur faut avoir aussi des notions de mécanique, des notions d’arrosage, connaître forcément les fleurs mais aussi les variétés d’arbres, les arbustes… Le métier est très polyvalent et se double depuis quelques années de réelles compétences digitales. Si les 200 000 arbres parisiens sont gérés depuis des années 1990 grâce à une application cartographique permettant leur suivi individualisé (taille, maladies, etc.), les technologies numériques ont permis d’intégrer cette base dans une application mobile.
Les agents sont désormais munis d’une tablette tactile sur laquelle ils accèdent à l’ensemble du patrimoine arboré des jardins, des cimetières, des écoles et des équipements sportifs. Sur le terrain, ils rentrent dans la base une multitude d’informations comme l’état phytosanitaire des plantations, une mise à jour de la fiche de l’arbre et des photos. Toutes ces données collectées sur le terrain viennent enrichir cette base et permettre d’anticiper les besoins d’arrosage, les campagnes d’abattage, un planning des commandes des arbres à planter. Une vraie mine d’information pour établir des statistiques.
La révolution technologique n’est pas seule à l’origine de la mutation du métier. Depuis quelques années les espaces verts sont entrés dans une nouvelle ère pour s’adapter aux nouveaux enjeux écologiques. Il faut désormais concilier l’aménagement urbain et floral avec des exigences environnementales.
De fait, la loi de transition énergétique pour la croissance verte interdit l’usage des pesticides pour l’ensemble des acteurs publics depuis le 1er?janvier 2017. Les espaces verts, les forêts, les voiries et les promenades sont désormais entretenus sans produits toxiques. Une révision complète qui a considérablement fait évoluer les pratiques.
Progressivement les agents privilégient le désherbage alternatif (mécanique, thermique ou manuel), ils gèrent aussi les espaces publics de façon différenciée. Ce mode de gestion consiste à désuniformiser l’intervention sur chaque espace. A chaque usage du lieu correspond désormais un code d’entretien adapté. Une nouvelle façon de penser la vie des espaces verts qui devrait plaire aux jeunes générations. D’autant que d’ici la fin 2020 la capitale plantera 20 000 arbres supplémentaires.